Parler au nom de Dieu n’est pas gouverner au nom du peuple. L’histoire tragique de Jean-Bedel Bokassa est un miroir tendu aux dirigeants africains d’aujourd’hui.
En République centrafricaine, Jean-Bedel Bokassa, devenu empereur Bokassa Ier en 1976, affirmait sans trembler que son pouvoir venait de Dieu. Cette certitude divine, affichée avec arrogance, lui servait de fondement pour imposer sa monarchie impériale, dans la lignée de ces chefs d’État qui sacralisent leur règne pour mieux asseoir leur domination.
Quand Dieu devient prétexte à la dictature
Bokassa, fasciné par Napoléon Bonaparte, s’est couronné lui-même le 4 décembre 1977, lors d’un sacre dispendieux, financé en partie par la France de Valéry Giscard d’Estaing. Ce couronnement, caricature de grandeur impériale, illustrait une volonté de s’ériger au-dessus du peuple, au-dessus des lois, au-dessus des réalités.
Dans ses discours, il invoquait sans cesse la volonté divine, se présentant comme un “sauveur” de la Centrafrique, doté d’une mission sacrée. Mais derrière les dorures du pouvoir se cachait une main de fer : répression, pillages, massacres. À l’ombre du nom de Dieu, Bokassa a conduit son pays dans la misère, la peur et le sang.
Leçon d’histoire pour les présidents d’aujourd’hui
Aujourd’hui, cette histoire doit alerter. Gouverner au nom de Dieu n’est pas brandir le divin pour mieux se maintenir au pouvoir. C’est répondre à des impératifs simples et urgents : soigner, instruire, nourrir, rendre justice, créer de l’emploi. Voilà les vrais commandements d’un bon chef d’État.
Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, à la tête du Gabon, ne doit jamais s’inspirer de figures tragiques comme Jean-Bedel Bokassa, Mobutu Sese Seko (RDC/ ex Zaïre), Idi Amin Dada (Ouganda) ou Yahya Jammeh (Gambie), ni s’enfermer dans les illusions d’un Ali Bongo Ondimba, proclamé musulman mais resté sourd aux souffrances de son peuple.
Le pouvoir n’est pas un don céleste, mais un mandat populaire. Et ceux qui gouvernent en prétendant parler au nom de Dieu devront un jour répondre, non pas devant les autels, mais devant les peuples. Le piège du pouvoir, c’est de croire qu’il est éternel. Le drame des peuples, c’est quand leurs dirigeants s’imaginent être Dieu. Qu’on en prenne alors de la graine.
