Le Mali et le Burkina Faso, deux nations qui ont à leurs têtes militaires, après des coups d’État. Leurs anciens Premiers ministres de transition ont aujourd’hui des chemins radicalement opposés.
Tandis que l’Etat burkibé honore son ancien dirigeant pour son engagement, les autorités maliennes placent le leur en garde-à-vue pour des accusations de malversations. Cette dichotomie soulève des questions sur les dynamiques politiques internes des deux pays, membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Le 12 août dernier, la justice malienne a placé l’ancien Premier ministre de transition, le Dr Choguel Kokalla Maïga, en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour atteinte présumée aux biens publics. Maïga, qui a été démis de ses fonctions en raison de tensions internes au sein de son gouvernement et de frictions avec la classe politique, dénonce une « cabale pour le faire taire ». Ses déclarations publiques et ses critiques de la vie politique malienne pourraient-elles avoir exacerbé sa situation ?
Au même moment, au Burkina Faso, l’ancien Premier ministre, le Dr Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, a été nommé à la tête de l’Institut des peuples noirs Farafina. Cette nomination est perçue comme une reconnaissance de son engagement pour la souveraineté panafricaine et culturelle. Contrairement à son homologue malien, Kyélem a quitté ses fonctions sans polémique et s’est abstenu de tout commentaire public sur la politique du pays jusqu’à sa récente nomination.
Des départs du pouvoir bien différents
Les circonstances de leurs départs respectifs du pouvoir sont également très différentes. Le Dr Choguel Kokalla Maïga a été évincé à la suite de différends avec ses propres ministres et de critiques virulentes de la part de la classe politique, y compris du mouvement M5-RFP qu’il représentait. Son départ a été marqué par de vives tensions.
Pour sa part, Dr Kyélem de Tambèla a quitté son poste de manière discrète, sans faire de déclarations fracassantes. Son retrait de la scène politique a été total jusqu’à sa récente nomination. Le fait qu’il n’ait pas cherché à commenter ou à critiquer la vie politique burkinabè semble avoir joué en sa faveur, lui permettant de réintégrer l’arène publique par le biais d’une institution prestigieuse.
La divergence de ces deux destins met en lumière les différentes manières dont le pouvoir militaire en place peut gérer ses anciens collaborateurs et les personnalités politiques qui ont marqué le cours de leur transition.
