En plein cœur de Libreville, à quelques pas de l’hôpital général de Libreville (CHUL) et de la direction centrale de la SEEG, une scène insoutenable s’offre aux regards pressés et indifférents des passants. Une femme, sans doute une mère, et une fillette, assises à même le sol, vivent dans la poussière, le froid de la grande saison sèche, les bras nus face à l’oubli général. Elles sont là. Depuis des jours. Peut-être des semaines. Invisibles. Ignorées. Abandonnées. Dans une ruelle pourtant fréquentée chaque jour par des médecins, des ministres, des cadres, des infirmiers et des directeurs bien vêtus, bien nourris. Personne ne s’arrête. Personne ne semble voir cette détresse. Et pourtant, elle crie.
Comment ne pas être révolté face à tant d’indifférence ? Comment expliquer que dans un État qui proclame haut la main la solidarité, une mère et son enfant soient laissés pour compte, en pleine capitale ? Où est la République sociale que nous promet la 5e République ? Où est le cœur de nos institutions ?
Allô madame Nadine Nathalie Awanang, épouse Anato !
Madame Nadine Nathalie Awanang, épouse Anato, vous êtes ministre des Affaires Sociales et de l’Inclusion. À quoi sert votre ministère si de telles tragédies humaines se déroulent sous vos fenêtres ? Votre département a pourtant pour mission de « prendre en charge les personnes en situation de vulnérabilité, d’exclusion ou de détresse sociale ». Ce n’est pas un slogan. C’est une responsabilité. Un devoir.
Madame la ministre, faut-il attendre que le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, lui-même passe dans cette ruelle pour que les choses bougent ? Faut-il une tragédie, un drame, pour que les services sociaux se réveillent ? À quoi bon avoir des services spécialisés, des budgets, des directeurs, des délégués, si aucune main n’est tendue quand la souffrance est là, devant nous, nue, exposée, silencieuse mais criante ?
Il faut agir. Vite. Maintenant. Avant que le froid, la poussière ou l’indifférence ne fassent le pire. Avant que cette mère ne s’éteigne. Avant que cette fillette ne sombre. La République doit leur tendre la main. L’humanité doit retrouver sa voix.
