Élu depuis 2018 et, aujourd’hui, député de la Transition, et surtout illustre distributeur de tee-shirts aux participants à la marche ayant accueilli le chef de l’Etat lors de son retour des Etats-Unis dernièrement, Jean-Bosco Ndjounga concentre sur lui toutes les frustrations d’un département presque abandonné par les pouvoirs publics alors même que son train de vie s’accroît « exponentiellement ». Dans la contrée, des voix s’élèvent pour une alternance politique réelle, portée par une jeunesse en quête d’espoir et de développement.
Le département de Bayi-Brikolo, avec pour chef-lieu la commune rurale d’Aboumi, est une zone enclavée où le développement semble s’être arrêté aux promesses de campagne depuis la nuit des temps. Aucune route goudronnée, ni structure médicale moderne, pas même une pharmacie, ni une boulangerie. La précarité est telle que la commune voisine d’Okondja, pourtant également dans le Haut-Ogooué, apparaît comme un eldorado. Pendant les 14 années du règne d’Ali Bongo Ondimba, Aboumi est restée dans l’oubli, comme figée dans un autre siècle. Parallèlement ou paradoxalement, c’est selon, lui, Jean-Bosco Ndjounga, un zélé d’Ali Bongo était tout, sauf au trente-sixième dessous.
Il a fallu la prise du pouvoir du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour que des projets structurants y émergent enfin : construction d’un collège d’enseignement secondaire, lancement du bitumage de la route Alanga-Aboumi-Onga, rénovation des écoles publiques d’Aboumi, d’Oboli et d’Ontogo-Youma, installation de pompes hydrauliques dans les cantons Kolo et Bayi… Des avancées récentes qui ne doivent rien à l’élu local, mais tout à la nouvelle dynamique nationale.
Un homme au cœur de toutes les critiques
Depuis 2018, Jean-Bosco Ndjounga représente Bayi-Brikolo à l’Assemblée nationale. Depuis cette date, il est systématiquement associé à tous les maux qui freinent le développement de sa circonscription. Sa reconduction comme député de la Transition par le président Oligui Nguema a été perçue comme une gifle par une partie de la population du cru.
Longévité suspecte, centralisation des projets, accusations de clientélisme dans les nominations, etc. Selon la majorité des habitants, Ndjounga contrôlerait tout ce qui touche au département.
Vrai ou faux, ce constat alimente une profonde fracture entre le député et une jeunesse de plus en plus éveillée, assoiffée de changement et de redevabilité. Pis encore, face aux accusations – notamment celle de détournement supposé de 268 millions de Fcfa destinés au développement local – Jean-Bosco Ndjounga n’a jamais jugé utile d’apporter publiquement des explications. Et pourtant, cette posture pédagogique souhaitée aurait pu « éduquer » ses propres administrés. Au contraire, trois jeunes d’Aboumi qui ont évoqué cette affaire sont passés par la case « cellule de la Direction générale des recherches » pour diffamation. Plutôt que de dialoguer, le député de la Transition répond par des plaintes. Cette manière de faire, condamnée par tous, a connu son épilogue grâce à l’entregent de Diane M. surnommée « la mère ». Laquelle a « usé » de ses relations pour expliquer « la dangerosité » de la posture « de la réprimande » de Ndjounga. Ce qui aurait conduit un dangereux radicalisme des positions.
Un mandat à bout de souffle
Au reste, à mesure que les mois passent, Jean-Bosco Ndjounga semble perdre le peu de crédit qu’il lui restait. Sept années d’un mandat jalonné de soupçons, d’opacité et de silences gênants. Une fin de parcours politique qui ressemble étrangement à son commencement : dans le doute et la défiance.
Pourtant, Bayi-Brikolo regorge de talents capables d’assurer une représentation digne, juste et transparente. Des figures comme Ossaloyika Adoga Amandine, Guy Jonathan Zodi Awoulawou, Basile Hans Nganinga, Ernaud Dechanel Ayebe Mickala, Rosalie Andjouomo… pourraient porter une voix nouvelle, tournée vers le rassemblement, loin des tensions stériles.
Il est temps de tourner la page. Bayi-Brikolo ne peut plus se contenter d’un député qui clive, qui fuit le débat, et dont la seule réponse aux critiques est la répression judiciaire. Aboumi mérite mieux. Mieux qu’un nom, elle mérite un avenir différent de l’environnement dans lequel elle vit aujourd’hui.
