Ce 23 novembre, le président français Emmanuel Macron arrive au Gabon pour une visite d’État forte en symboles. Elle n’est ni un simple retour aux protocoles traditionnels, ni une rupture. Elle vise à consolider une alliance historique, réinventée dans un esprit de respect mutuel et d’égalité sous l’impulsion du président Brice Clotaire Oligui Nguema.
Les relations entre la France et le Gabon remontent aux débuts de l’indépendance gabonaise. Léon M’ba, premier président du Gabon de 1960 à 1967, était un allié fidèle de Charles de Gaulle. Le Général, tout en soutenant la décolonisation, a maintenu des liens étroits avec Libreville, notamment par le biais d’accords militaires et économiques. En 1964, la France est intervenue pour soutenir M’ba face à un putsch, illustrant l’attachement stratégique de Paris.
Un héritage franco-gabonais forgé dès l’indépendance
À partir de 1967, l’ère d’Omar Bongo Ondimba a inauguré une coopération durable sur tous les plans : politique, économique et militaire. Sous son long règne (1967–2009), le Gabon est devenu une pièce maîtresse de la « Françafrique ». Des entreprises françaises comme Elf (devenue Total) ont investi massivement dans le pétrole gabonais, tandis que Paris assurait un appui budgétaire.
Sur le plan diplomatique, plusieurs présidents français ont été reçus à Libreville. Georges Pompidou y a effectué une visite d’État dès février 1971, témoignant de l’importance du Gabon pour la France. Ses successeurs, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy y ont également été reçus, François Hollande faisant exception de cette règle. L’Elysée a toujours maintenu cette tradition de liens privilégiés, renforçant les échanges commerciaux, le soutien financier et la coopération militaire. La France disposait notamment, jusqu’à une date récente, d’une base permanente (le 6ème BIMA) au Gabon.
Ce partenariat s’est également traduit par un soutien au développement (prêts, aides budgétaires), la présence de conseillers français dans les institutions gabonaises et des initiatives de formation, faisant de la France un partenaire stratégique et symbolique de longue date.
Vers une dynamique renouvelée sous Oligui Nguema
Le communiqué de la présidence gabonaise annonce un « nouveau rendez-vous [qui] vient renforcer un dialogue direct et constructif autour de sujets essentiels : diplomatie, économie, énergie, sécurité et environnement ». Cette visite de Macron est la première d’un président français depuis l’arrivée au pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguema, à la suite d’une transition militaire.
Sous l’impulsion l’actuel chef de l’Etat, le Gabon affiche une nouvelle ambition : « affirmer sa souveraineté tout en maintenant une coopération équilibrée, un respect mutuel et une souveraineté accrue ». Loin d’une marginalisation, cette dynamique repositionne la France comme un partenaire sérieux et modernisé.
Militairement, l’évolution est notable : le camp De Gaulle, ancienne base militaire française, doit être transformé en centre de formation partagée entre les deux pays. Ce signe d’un plan stratégique et d’une redéfinition de l’ancienne base marque une nouvelle ère de la coopération militaire, axée sur la transformation et la formation stratégique partagée.
Économiquement, les échanges sont redynamisés. Lors de la visite de Brice Clotaire Oligui Nguema à Paris, en mai dernier, les deux présidents ont signé une déclaration d’intention pour un partenariat forestier, fondé sur la protection de la biodiversité, la bioéconomie et le financement d’initiatives durables. Parallèlement, le forum d’affaires franco-gabonais de mai 2024 a rassemblé près de 600 chefs d’entreprise, témoignant d’une volonté concrète d’investissement mutuel.
La visite de Macron s’inscrit donc dans cette logique : la France ne se présente plus comme une ancienne puissance coloniale, mais comme une alliée respectueuse, prête à soutenir un Gabon souverain et dynamique, tout en bénéficiant des atouts du pays en matière forestière, énergétique et économique.
L’arrivée d’Emmanuel Macron à Libreville, ce 23 novembre, n’est donc pas un simple geste protocolaire. Elle marque la signature d’un pacte renouvelé, enraciné dans une histoire commune depuis De Gaulle et Léon Mba et résolument tourné vers l’avenir grâce à la vision du président Oligui Nguema. Cette visite scelle une nouvelle étape où la diplomatie et la coopération ne sont plus subordonnées à un ancien modèle, mais inscrites dans une relation d’égal à égal : une véritable ère gagnant-gagnant entre Paris et Libreville.


