Un jour sombre pour la presse gabonaise ! L’incarcération du journaliste Harold Leckat pour une obscure affaire d’escroquerie, de passation illégale de marchés publics et de surfacturation, dans le cadre d’un contrat d’assistance en communication avec la Caisse des dépôts et consignations, soulève l’ombre d’une manipulation politico-judiciaire. Martial Idoundou dénonce un « gâchis » qui écorne l’image du Gabon et interpelle le chef de l’État sur ce qui apparaît comme une atteinte flagrante à la liberté d’expression.
Ok, il n’a pas été arrêté pour un délit de presse ! Donc, le citoyen Harold Leckat est en prison pour un litige qui ne mène pas en prison. L’affaire fait tellement grand bruit que l’image du Gabon est écornée à l’international.
Le président de la République (PR) en est-il informé ? Si non, c’est très étonnant pour le chef des renseignements qu’il est. Si oui, que fait-il en tant que président du Conseil supérieur de la magistrature, qui dit vouloir une justice juste ?
Mais, qu’on le veuille ou pas, Harold Leckat est un journaliste, qui a écrit des articles dérangeants depuis le début du processus calamiteux des élections législatives et locales. La corporation a la preuve que quand il était récemment en France, il a reçu des coups de fil d’intimidation de hautes personnalités du pays. Des témoins et des enregistrements existent. C’est donc sans surprise qu’il a reçu une convocation de la tristement célèbre DGR (Direction générale des recherches), de la gendarmerie nationale, donc une unité sous la tutelle du chef suprême des forces de défense et de sécurité, c’est-à-dire le PR. Est-il au courant ? Si non, c’est très grave. Si oui, c’est très grave également.
Le mois dernier, le PR a reçu en grande pompe un haut responsable de Reporter sans frontières, une organisation de défense des journalistes. A la fin de l’entretien, le confrère avait lancé un défi au PR sur le ton de l’ironie, lui demandant « d’être aussi un bâtisseur de la liberté de la presse ».
Sur la base d’un faisceau d’éléments, toutes les organisations de défense des journalistes sont convaincues qu’Harold Leckat paie d’abord et avant tout pour sa liberté de ton. Le litige commercial ne serait qu’un prétexte, d’autant plus que ce genre de différend ne conduit pas en prison quelqu’un qui présente de solides garanties de représentation.
Lors de ses prochains voyages en Occident, le PR, chef de la magistrature et chef suprême des forces de défense et de sécurité, ne pourra pas échapper à un feu roulant de questions sur le cas Harold Leckat, singulièrement, et les droits de l’homme, en général. Le Gabon avait pourtant de bonnes raisons de croire en avoir fini avec un chef bousculé pendant ses voyages à l’étranger.
Martial Idoundou, Journaliste



