Alors que la Guinée reprend la main sur le transport maritime de sa bauxite pour mieux capter les bénéfices de son sous-sol, le Gabon affiche une ambition similaire : reprendre le contrôle de ses ressources pour transformer localement ses matières premières. Deux stratégies pour une même quête de souveraineté économique.
La Guinée intensifie son offensive économique en reprenant le contrôle logistique de sa bauxite, ce minerai dont les exportations ont quadruplé en cinq ans. Pour « maximiser les revenus » liés à ce secteur stratégique, Conakry vient de lancer une nouvelle société publique, la Guinéenne des Transports Maritimes (Guitram). Objectif : faire respecter un droit inscrit depuis longtemps dans son code minier — celui de transporter jusqu’à la moitié de la bauxite exportée sur des navires sous pavillon guinéen.
Jusqu’ici, cette opportunité était peu exploitée. Désormais, avec une flotte maritime dédiée, la Guinée entend mieux monétiser le transport du minerai, une activité estimée entre « 15, 20 jusqu’à 25 dollars par tonne de bauxite ». Un index spécifique à la bauxite guinéenne (le GBX) est aussi mis en place pour « mieux contrôler les prix » à l’international, dans un marché dominé par la Chine.
À des milliers de kilomètres, au cœur de l’Afrique centrale, le Gabon poursuit une logique similaire. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema s’est engagé à redonner au pays sa « souveraineté économique », notamment en interdisant dès 2029 l’exportation du manganèse brut. Cette décision vise à favoriser la transformation locale de cette ressource stratégique, en captant davantage de valeur ajoutée et en créant des emplois sur le sol national.
Comme la Guinée avec sa bauxite, le Gabon souhaite rompre avec le vieux schéma d’une Afrique exportatrice de matières premières et importatrice de produits finis. Le choix de ces deux nations traduit une même volonté : reprendre la maîtrise des filières minières, créer de la richesse localement, et s’émanciper d’un système économique hérité de la dépendance coloniale.
