À moins de deux semaines de la rentrée administrative, la ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, affronte un calendrier scolaire qui se superpose à un calendrier électoral explosif. Entre établissements délabrés, affectations tardives et écoles transformées en bureaux de vote, la rentrée du 1er septembre s’annonce comme un parcours semé d’embûches.
Le Conseil des ministres du 12 août a validé le calendrier scolaire 2025-2026. Pourtant, à 12 jours de la rentrée administrative prévue le 25 août, la réalité du terrain laisse sceptique quant à une rentrée effective des classes le 1er septembre.
Ressources humaines et matérielles : la course contre la montre
Dans de nombreuses zones rurales, les écoles restent dans un état d’insalubrité inquiétant et certaines infrastructures sont délabrées. Or, les chefs d’établissement ne disposeront que de sept jours — du 25 au 31 août — pour procéder aux inscriptions, établir les emplois du temps, préparer les salles de classe, mettre en place le matériel pédagogique et tenir les premières réunions avec le personnel. Mission quasi-impossible !
La situation est d’autant plus critique que les milliers d’élèves admis en sixième ne sont pas encore orientés dans leurs collèges. Pis encore, les nominations, mutations et affectations des enseignants et des chefs d’établissement n’ont pas encore été officialisées, laissant planer l’incertitude. Résultat : la rentrée administrative se fera, mais les premiers jours de cours risquent d’être perturbés par des changements en cascade. Les enseignants mutés devront rejoindre leurs nouveaux postes, les chefs d’établissement nouvellement désignés prendront leurs fonctions, et tout cela dans un contexte d’urgence qui frôle la précipitation chaotique.
Le calendrier électoral, perturbateur en chef
Si la rentrée du 1er septembre s’annonce déjà tendue, l’échéance des élections législatives et locales complique encore la donne. Les écoles — primaires, collèges et lycées — étant traditionnellement réquisitionnées comme bureaux de vote, la campagne du premier tour, prévue du 17 au 26 septembre, interviendra à peine deux semaines après la reprise. Le scrutin du 27 septembre, suivi d’un éventuel second tour législatif le 11 octobre, impliquera un nouvel arrêt des cours.
La situation se corse davantage avec la participation massive du corps enseignant aux échéances électorales. De nombreux enseignants et chefs d’établissement sont candidats, colistiers ou membres d’équipes de campagne. Dès le début de la campagne, ils seront mobilisés sur le terrain, provoquant une désorganisation des classes. En cas de victoire, leur départ pour le Parlement ou les conseils locaux laissera des postes vacants, obligeant le ministère à improviser des remplacements.
Camélia Ntoutoume Leclercq, elle-même candidate à Ntoum, devra donc concilier exigences pédagogiques et impératifs électoraux. Certains estiment qu’une rentrée avancée début octobre ou des nominations anticipées après les résultats du second tour du baccalauréat auraient permis une meilleure organisation. Faute de cela, un plan B sera indispensable pour éviter que l’année scolaire ne démarre dans un désordre annoncé.
