Le gouvernement gabonais a lancé un ambitieux projet : interdire les importations de poulet de chair d’ici 2027. L’objectif est simple : mettre fin à la dépendance du pays aux produits étrangers et faire de l’élevage de volaille un moteur de l’économie locale. C’est dans ce cadre qu’un forum national a débuté ce 25 août à Libreville, réunissant les acteurs de la filière avicole et des experts.
Alexandre Barro Chambrier, vice-président du gouvernement, a souligné la portée stratégique de cette décision, portée par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema. « Par cette décision, le Président de la République s’est engagé à redonner toute sa place à la production avicole nationale, en stimulant l’investissement local, réduisant ainsi la dépendance alimentaire, et renforçant donc la balance commerciale de notre pays », a-t-il déclaré, ajoutant que cette réforme s’aligne sur la vision à long terme du pays, Gabon 2050.
Le défi est de taille, car la filière est en grande difficulté. Entre 2020 et 2024, le pays a importé en moyenne 55 000 tonnes de poulet par an, tandis que la production locale n’atteignait que 4 000 tonnes. Une situation que le gouvernement veut renverser. Pour la ministre de l’Agriculture, Odette Polo Pandzou, cette interdiction est une « opportunité inespérée pour les opérateurs actuels et futurs ». Elle y voit un marché potentiel de « plusieurs dizaines de milliards de francs CFA », promettant des retombées en matière d’emploi et d’entrepreneuriat.

La ministre de l’Agriculture, Odette Polo Pandzou, invitant les opérateurs à saisir les opportunités offertes par la réforme.
Garantir la souveraineté alimentaire
Les débats du forum, qui se clôturent le 26 août, se concentrent sur une question cruciale : comment éviter une pénurie sur le marché tout en garantissant un environnement favorable aux producteurs locaux ? C’est d’ailleurs l’une des priorités du plan stratégique national, « Bâtissons l’édifice nouveau » 2025-2032, qui place la souveraineté alimentaire au cœur de la diversification économique du Gabon. « De vos échanges devront ressortir des solutions qui favoriseront l’émergence d’un réel tissu d’emplois dans le secteur avicole, (…), une augmentation des productions locales et la mise en place d’un environnement économique viable autour de la filière de production de poulet de chair et des activités connexes », a rappelé à juste titre Barro Chambrier, s’adressant aux participants.
L’interdiction des importations, qui sera effective dès le 1er janvier 2027, est donc vue moins comme une contrainte que comme une chance unique pour le pays de s’affranchir de sa dépendance alimentaire et de bâtir une filière avicole solide et durable.
