Après deux années de Transition marquées par une communication intensive et suivie, le gouvernement gabonais peine aujourd’hui à maintenir une présence claire et crédible dans l’espace public. Un recul qui profite aux réseaux sociaux et autres activistes.
Durant les deux années de Transition qui ont suivi le 30 août 2023, la communication gouvernementale s’était imposée comme un instrument majeur de gouvernance. À travers ses communiqués réguliers et ses points de presse, le porte-parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, avait instauré un rituel d’information attendu et suivi par l’opinion. Chaque déclaration, largement relayée par les médias et massivement partagée sur les plateformes numériques, contribuait à installer un climat de transparence et de pédagogie politique. Cette communication, souvent claire et explicative, participait à donner un visage rassurant à la Transition.
Aujourd’hui, le constat est tout autre. Sur les grands sujets d’actualité, la communication gouvernementale semble moins efficace, parfois timide et, surtout, peu convaincante. Le service de communication de la présidence de la République, jadis en première ligne, paraît désormais aux abonnés absents, même lorsque le chef de l’État fait l’objet d’attaques ou d’accusations. Ce silence institutionnel étonne et fragilise l’autorité publique : comment comprendre que, dans une République, les voix qui s’élèvent pour défendre ou justifier l’action présidentielle soient davantage celles d’activistes que celles des canaux officiels ?
Les Gabonais, en quête d’informations, se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux.
Ce vide communicationnel a des conséquences directes. Les Gabonais, en quête d’informations, se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux, où les activistes occupent le terrain avec vigueur. Faute de cadre, ces plateformes deviennent aussi le lieu privilégié des approximations, des rumeurs et, parfois, de la manipulation. Dans cet environnement, l’État semble perdre la bataille de la crédibilité, laissant prospérer une parole incontrôlée, qui se substitue à la parole officielle.
Or, dans un pays en quête de stabilité et de consolidation démocratique, la communication gouvernementale ne peut être réduite à un simple exercice de relations publiques. Elle est un outil stratégique : informer pour rassurer, expliquer pour convaincre, réagir pour défendre. Sans ce triptyque, la défiance s’installe et le vide se comble par des discours parallèles, souvent nuisibles.
L’enjeu est clair : il appartient au gouvernement et à la présidence de réinvestir l’espace public par une communication régulière, réactive et crédible. Car au Gabon, comme ailleurs, gouverner, c’est aussi savoir parler. Et ne pas le faire, c’est laisser d’autres écrire le récit à votre place.
