Le système judiciaire gabonais est en pleine tourmente. Le Secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a ouvert un conseil de discipline sans précédent, le 7 août 2025, pour examiner les agissements de 19 magistrats. Loin d’être une simple formalité, cette réunion vise à éradiquer la corruption et les abus de pouvoir qui gangrènent la justice gabonaise.
Le processus est clair : le conseil s’est penché sur les dossiers de 19 magistrats soupçonnés de fautes professionnelles graves. Comme l’a déclaré Paulette Ayo Mba Akolly, Secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature, chez nos confrères de Gabon 1ère, « Nous avons un regard plus approfondi sur les tares, sur les défauts, sur les qualités de nos magistrats. »
Ces « tares » ne sont pas anodines. Selon le Secrétariat permanent, les griefs rapportés par les justiciables sont divers : extorsion d’argent, abus de position et autres agissements non professionnels qui sapent la crédibilité de la justice. Face à ces manquements, le conseil de discipline a une mission claire. « Nous voulons une justice de qualité, et cette justice de qualité a pour base d’enlever le mauvais grain », a martelé Ayo Mba Akolly.
Les travaux de ce conseil sont une étape préliminaire mais indispensable.
« Les justiciables ont cette opportunité de se plaindre des magistrats qui leur soutirent de l’argent, qui jouent de leur position de magistrat. Donc, ce sont tous ces dossiers dont nous étudions la teneur au conseil de discipline. Et il y a une série de sanctions. Dans quelque temps se tiendra le Conseil supérieur de la magistrature en lui-même qui décidera de la suite à donner des sanctions prises par le Conseil de discipline », a expliqué Paulette Ayo Mba Akolly.
Les sanctions prévues par l’article 164 de la loi 040/2023 portant statut particulier des magistrats sont à la hauteur des enjeux. Elles vont du simple blâme à la radiation, en passant par le blocage d’avancement d’échelon, l’interdiction d’être nommé à certaines fonctions, l’abaissement d’échelon, la rétrogradation et la mise à la retraite d’office. Des mesures drastiques qui ne sont plus de vaines menaces, mais des conséquences réelles pour les magistrats dont les griefs seront avérés.
Et comme l’a indiqué le Secrétaire permanent du CSM, c’est lors des travaux du CSM qui se tiendront incessamment que seront entérinées les sanctions décidées par le conseil de discipline. Ce conseil de discipline est perçu comme une initiative significative pour la transparence et l’intégrité du système judiciaire gabonais, marquant une volonté ferme de réformer et de responsabiliser l’ensemble du corps des magistrats.
