Le climat politique au Burkina Faso connaît un regain de crispation, alors que de nouvelles menaces de mort visent le président de la transition. D’après des sources proches de l’appareil militaire, certaines puissances étrangères seraient soupçonnées de manœuvres d’ingérence, dans un contexte déjà alourdi par des choix politiques jugés disruptifs par la communauté internationale.
En effet, la récente volonté exprimée par Ouagadougou, en étroite synergie avec Bamako et Niamey, de rompre définitivement les amarres avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au profit d’une intégration régionale alternative et de la création d’une monnaie souveraine, semble raviver de profondes tensions. Ces orientations, perçues par leurs initiateurs comme un acte d’émancipation face à des décennies d’influence extérieure pesante, suscitent des inquiétudes, voire des hostilités manifestes de la part de certains partenaires traditionnels.
Sur le terrain, l’exaspération populaire grandit face à ce qui est dénoncé comme une persistance néocoloniale : présence militaire étrangère jugée onéreuse et inefficace, stratégies sécuritaires sans effets probants et soupçons d’atteinte à la souveraineté nationale. Une fracture idéologique se creuse entre des élites africaines engagées dans une dynamique de rupture et des puissances désireuses de préserver leur pré-carré stratégique.
Ce climat de tension n’est pas sans rappeler les événements d’avril dernier, lorsqu’une tentative de coup d’État avait été étouffée in extremis. Le spectre de cette insurrection avortée hante encore les arcanes du pouvoir burkinabè, mettant en lumière les dissensions latentes au sein même des forces armées.
Dans cette atmosphère chargée, les menaces qui pèsent sur le capitaine Traoré font écho à des figures emblématiques du panafricanisme tragiquement tombées, comme Patrice Lumumba, Thomas Sankara ou encore Mouammar Kadhafi. Tous ont, à leur manière, défié l’ordre établi au nom d’un idéal d’autodétermination. Tous ont fini par en payer le prix fort.
Dès lors, la sécurité du président de la transition devient une question d’intérêt national. Pour ses partisans, Ibrahim Traoré symbolise une nouvelle génération de dirigeants africains décidés à redessiner les rapports de force sur la scène internationale. Une posture audacieuse qui, si elle séduit une frange croissante de l’opinion, n’en fait pas moins de lui une cible privilégiée.
L’histoire se répétera-t-elle ? L’Afrique est-elle une fois de plus au seuil d’un sacrifice politique au nom de la souveraineté ? Autant de questions brûlantes qui se posent alors que les vents de la géopolitique soufflent avec une intensité inédite sur le Sahel.
