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dimanche, 16 novembre 2025
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    « Young Team » : Procès choc et vérité inachevée

    Publié le
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    Au terme de l’instruction à la barre, ce 15 novembre, du très attendu procès de la « Young Team », l’onde de choc des témoignages a exposé une gabegie hallucinante dans la gestion des deniers publics. Pendant cinq jours, les accusés ont défilé, dévoilant la facilité déconcertante avec laquelle l’État et ses finances ont été pris en otage par quelques individus s’enrichissant sans vergogne derrière Noureddin et Sylvia Bongo.

    Cependant, si le public a découvert l’étendue de l’enrichissement illicite, le constat final laisse un goût amer : la vérité reste inachevée. La Cour et le ministère public semblent en effet avoir délibérément ignoré des maillons essentiels de cette chaîne de corruption et de détournement massif de fonds publics, laissant planer l’ombre des grands absents.

    Zones d’ombre et l’énigme Oyabi

    L’infraction de corruption et complicité de corruption, impliquant notamment Ian Ghislain Ngoulou et Cyriaque Mvourandjami, cristallise les interrogations. L’instruction à la barre a confirmé que 500 millions de francs CFA ont été remis à François Oyabi, chef de file de la majorité, par l’entremise de Yann Koubdje et Ian Ngoulou, dans le but présumé de régler « un problème créé par Jessye Ella Ekogha » au Centre gabonais des élections (CGE).

    Tous les accusés impliqués sont restés constants sur le fait qu’Oyabi a bien été le destinataire des fonds. Pourtant, la question fondamentale demeure : Pourquoi Oyabi n’a-t-il pas été appelé à la barre, voire inculpé ?

    François Oyabi, de toute évidence un maillon important de la chaîne, aurait pu éclairer la Cour sur l’usage réel de ces 500 millions. S’agit-il réellement de corruption d’agents du CGE, ou, comme l’ont évoqué les avocats de l’Etat, d’une simple extorsion de fonds, ou encore d’un traquenard monté pour piéger les membres de la « Young Team » ? Le silence du ministère public et de la Cour face à cette absence, alors même que le délit de corruption est centré sur cette transaction, souligne la persistance de zones d’ombre dans le dossier et l’incompréhension quant à la démarche adoptée.

    Le spectre de Yann Koubdje, le trésorier

    Le second point d’achoppement concerne le détournement de fonds publics, notamment les primes exorbitantes versées aux accusés. Tous, Ian Ngoulou, Jesye Ella Ekogha, Ali Saliou, Oceni…, ont pointé du doigt un seul homme : Yann Koubdje, alors Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique.

    Les auditions ont révélé que Koubdje cumulait les rôles de DG du Trésor, de trésorier de la famille Bongo et de trésorier du Parti démocratique gabonais (PDG). C’est lui qui ordonnait et procédait aux paiements des primes, parfois sous des libellés mystérieux. Les questions se bousculent : D’où provenait l’argent utilisé pour payer les cadres du parti et les serviteurs de la famille Bongo ? Le Trésor public ou des comptes parallèles ?

    Le fait que Yann Koubdje, le mieux placé pour éclairer les Gabonais sur l’origine des fonds et la légalité de ces primes, n’ait jamais été appelé à la barre est une anomalie flagrante qui empêche de remonter à la source de la gabegie. L’absence de ces témoins-clés fait obstacle à la manifestation complète de la vérité.

    La vérité incomplète

    L’opinion, peu naïve, attendait de ce procès une catharsis, une véritable reddition des comptes. Au lieu de cela, elle assiste à une instruction qui semble s’être autocensurée de peur de citer des noms trop « sensibles », pourtant abondamment mentionnés par les accusés. Pourtant, la présence de ces personnes aurait permis de dissiper les zones d’ombre et d’éclairer l’opinion publique qui s’interroge légitimement.

    Comme l’a si bien formulé un avocat de la défense, « de ce procès, le Gabon sortira soit grandi, soit éteint ». À l’heure actuelle, la balance penche dangereusement vers l’extinction d’une vérité entière. La justice gabonaise a certes montré sa capacité à frapper, mais elle semble s’être arrêtée juste avant de démanteler l’intégralité du système.

    Ces zones d’ombre persistantes, tolérées par la Cour et le ministère public, posent une question cruciale : assistons-nous à un procès visant à démanteler un système de corruption, ou simplement à désigner quelques boucs émissaires pour protéger des personnalités encore intouchables ? La crédibilité de la justice est désormais suspendue à sa capacité à lever, enfin, le voile sur les grands absents de ce scandale.

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