Face au dilemme tragique entre la maladie et le manque de moyens financiers qui menace la vie d’enfants et de démunis, le Dr. Patrick Mbavu, médecin généraliste au Centre hospitalier régional (CHR) de Mouila, a pris une décision radicale. Il s’engage à consacrer un tiers de son salaire personnel pour alléger le fardeau financier des patients les plus vulnérables. Un geste d’une solidarité et d’un altruisme remarquables dans le paysage social gabonais actuel.
Depuis son affectation à Mouila, le Dr. Mbavu voit arriver trop souvent des enfants avec un pronostic vital engagé, simplement parce que leurs parents n’ont pas l’argent pour payer les soins à temps. Il déplore l’ « irresponsabilité » de dépenser massivement pour les funérailles, tout en abandonnant le « vivant » faute de fonds. « Chaque jour, ou presque, on a au moins un, sinon plusieurs enfants qui arrivent en état très grave… parce que les parents disent n’avoir pas eu de l’argent », a-t-il tristement fait remarquer, dans une vidéo devenue virale.
Face à cette réalité, le médecin généraliste a fait un serment. « J’ai décidé, devant Dieu et devant les hommes… que je consacrerai, jusqu’à ce que je parte d’ici, un tiers de mon salaire pour aider les personnes qui ne peuvent pas gérer l’aspect financier de leur santé », a-t-il déclaré.
Son aide est offerte sans vérification de ressources, mais ses moyens sont limités. Son geste est un appel à la conscience collective. « Mon rêve est qu’un jour, cela s’étende au Gabon tout entier », a-t-il espéré.
L’État et la Caisse d’assurance en question
L’initiative du Dr. Mbavu est certes un puissant message d’altruisme, mais elle est surtout un symptôme. Elle révèle les limites de l’État dans la prise en charge sanitaire de ses populations, là où les soins devraient être gratuits pour les plus fragiles.
La Caisse d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), pourtant censée être le rempart social, est criblée de dettes. Ses ordonnances sont refusées dans de nombreuses pharmacies, asphyxiées par les impayés estimés à plus de 7 milliards de FCFA.
L’acte du Dr. Mbavu souligne avec force le chemin qu’il reste à parcourir pour mettre en place un système de santé véritablement équitable. Son message final est d’une simplicité désarmante. « La santé n’a pas de prix, aimons le vivant », a-t-il conclu.



