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vendredi, 31 octobre 2025
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    Trop de violence dans nos établissements scolaires

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    Les images sont devenues insoutenables : bagarres filmées, humiliations virales, et la peur qui s’installe. Face à la violence scolaire devenue spectacle sur les réseaux sociaux, les sanctions, qu’il s’agisse d’exclusions ou même d’incarcérations, ne suffisent plus à endiguer le phénomène. Dans cette tribune, Marcel Libama, enseignant et député de la Transition, interpelle le pays : il est temps de reconnaître que nos établissements ne sont plus des sanctuaires et d’agir avec une détermination nouvelle. Voici pourquoi une approche globale, au-delà de la simple punition, est vitale pour la jeunesse de notre pays.

    En tant que député, mais aussi en tant qu’enseignant et syndicaliste, je suis particulièrement préoccupé par ce phénomène qui prend de l’ampleur dans notre pays : la recrudescence de la violence en milieu scolaire.

    Ce phénomène, qui va de l’intimidation aux agressions physiques, parfois même jusqu’aux violences sexuelles, touche aussi bien les élèves que les enseignants. Il fragilise le système éducatif dans son ensemble, dégrade le climat scolaire, compromet les apprentissages et nuit au bien-être des enfants que nous avons le devoir de protéger.

    1. Articulation avec les politiques éducatives

    Le Gabon a engagé d’importantes réformes éducatives à travers le Plan Sectoriel de l’Éducation, avec des objectifs ambitieux en lien avec l’agenda 2030 des Nations Unies.

    Mais comment pouvons-nous espérer atteindre ces objectifs si les élèves et les enseignants vivent quotidiennement dans un climat d’insécurité, de peur, parfois même de terreur ?

    2. Dispositifs de prévention

    Prévenir les violences scolaires ne peut se résumer à sanctionner les fautifs. Ce serait une approche réductrice.

    Les expériences internationales, mais aussi nos réalités locales, montrent qu’il faut aller plus loin : former les enseignants à la gestion des conflits, éduquer les élèves à la non-violence, impliquer les familles, prévoir un accompagnement psychosocial…

    Il nous faut aujourd’hui un véritable programme national structuré de prévention des violences scolaires.

    3. Évaluation des politiques existantes

    Au fil des années, plusieurs mesures ont été annoncées : campagnes de sensibilisation, renforcement de la discipline, interventions des forces de sécurité dans certains établissements.

    Mais nous ne disposons pas d’une évaluation rigoureuse de ces actions et de leur impact sur le terrain.

    Nous n’avons pas non plus un système de suivi et d’évaluation des mesures mises en œuvre contre les violences scolaires.

    4. Inspirations internationales

    Dans la lutte contre la violence scolaire, certains pays ont avancé à grands pas : le Rwanda, le Canada, la Finlande… avec des approches intégrées, centrées sur la médiation, le climat scolaire positif et la participation des élèves.

    L’UNESCO, par exemple, promeut le programme des « Écoles sans violence », adapté dans plusieurs contextes nationaux.

    Notre pays peut s’inspirer de tels modèles internationaux pour élaborer sa politique.

    5. Vers un cadre légal contre la violence scolaire

    Enfin, je souhaite aborder la question du cadre juridique.

    Dans des pays comme le Québec, la lutte contre la violence scolaire est encadrée par une loi. Chaque établissement est tenu d’adopter un plan d’action, adossé à une stratégie nationale. Cela crée de la cohérence, de la réactivité, et surtout, une responsabilisation claire de chaque acteur.

    Le Gabon devrait envisager d’adopter un tel cadre légal, qui rendrait obligatoires les plans anti-intimidation dans chaque établissement, en lien avec une stratégie nationale structurée.

    Proposition pour une gouvernance structurée

    Au-delà de ces mesures ponctuelles, il apparaît nécessaire de doter le ministère d’un véritable pilotage national intégré des questions de climat scolaire, de prévention de la violence et de bien-être en milieu éducatif.

    À ce titre, je souhaite pour notre pays la création d’une Direction générale de la prévention de la violence, du climat scolaire et de la qualité de vie à l’école.

    Cette direction aurait pour mission de :

     * centraliser les politiques de lutte contre toutes les formes de violence scolaire,

     * coordonner les actions des différents services et partenaires,

     * harmoniser les pratiques entre établissements et régions,

     * impulser des programmes de formation, d’accompagnement psychosocial, de médiation scolaire,

     * assurer un suivi rigoureux des indicateurs de climat scolaire et de bien-être,

     * et piloter l’évaluation de toutes les actions engagées en la matière.

    Ce pilotage unifié permettrait de sortir d’une logique morcelée pour entrer dans une stratégie transversale, ambitieuse et cohérente, alignée sur les meilleures pratiques internationales.

    C’est également un levier essentiel pour améliorer la qualité des apprentissages, prévenir les décrochages, restaurer la confiance des familles, et renforcer l’attractivité du métier d’enseignant.

    Les enfants qui vont à l’école ne devraient pas avoir peur.

    Les enseignants qui assurent le service public de l’éducation ne devraient pas risquer leur intégrité physique.

    Au-delà des discours, il est temps d’agir, avec lucidité, courage et méthode.

    Il est temps de bâtir une politique nationale cohérente, évaluée, et équitablement déployée, pour garantir à chaque élève gabonais ce droit fondamental : celui d’apprendre dans un environnement sûr, digne et respectueux.

    Marcel Libama, Enseignant, Député de la Transition

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