La Ve République est confrontée à un défi majeur : celui de la compétence de ses élus. L’inaptocratie et l’incurie de l’ancien régime ont laissé des traces, et il est temps de poser la question des critères de sélection de nos représentants. Pour que la décentralisation soit une réussite et que le pays se développe, il est impératif d’avoir des élus à la hauteur des enjeux. C’est sur cette analyse que Sylvanus Kowet, professeur certifié de philosophie, fonde sa tribune.
Si l’on attache à la pratique de la politique essentiellement des missions d’intérêt public, en principe, toute prétention à des fonctions électives de type Conseiller municipal, Conseiller départemental, Député, Sénateur, devrait s’astreindre à des exigences spécifiques auxquelles devraient, plus que jamais, mais, sérieusement, penser le législateur en matière électorale. La rupture avec les louvoiements ou les égarements du Régime Bongo est à ce prix.
L’urgence de sortir de l’inaptocratie
Qui ne voit pas, en effet, que l’un des facteurs de l’inaptocratie de l’ancien régime était justement l’incurie en matière d’encadrement des candidatures aux élections, doublée d’une vacuité en matière de codification des fonctions électives ?
Aussi pensons-nous que pour plus d’efficacité et de rentabilité dans les assemblées locales et nationales, quelques principes devraient être posés.
Vers une sélection plus exigeante des candidats
Ainsi, avant la campagne de dépôt des candidatures, des critères devraient être clairement définis, adossés à un questionnement essentiel de type : qu’est-ce qu’un Conseil Municipal ? Qui doit y aller ? Etc.
Les représentations locales et nationales y gagneraient de façon significative. Le rasoir d’Ockham qui fonctionnerait ici comme un tamis ou un filtre, épargnerait à nos communes, départements et parlement des élus de pacotille, sans background qui, parce qu’ils sont venus en politique pour « se caser » professionnellement, sont incapables de prononcer une allocution, « chauffent » les bancs du Parlement sans jamais rien savoir des débats qui y ont lieu… Émargent à des frais de missions à l’étranger qui sont très vite transformées en voyages d’agrément pour cause d’inaptitude à prendre part à des assises internationales…
Un projet pour chaque élu : la décentralisation en marche
Les attentes sont alors grandes pour les prochaines collectivités locales notamment. Il en faudra de bien outillées au plan des ressources humaines pour traduire avec succès dans les faits la décentralisation dont le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, fait un de ses viatiques pour un développement équilibré de toutes les régions du pays.
Pour ce faire, pourquoi ne devrait-on pas exiger par exemple d’un candidat au Conseil Municipal ou au Conseil Départemental, un petit projet de société, une vision condensée, une projection structurée de la commune, de l’arrondissement, du quartier ou du département dont il veut être l’élu, comme, du reste, on exige aux candidats à la Présidence de la République un projet de société ou un programme de gouvernement ? »
Sylvanus Kowet
Professeur certifié de philosophie
NB : Les intertitres sont de la Rédaction