Cet article sur la Volonté politique est une réflexion qui concerne les acteurs politiques intéressés par la conquête et l’exercice du pouvoir d’État.
Dans mon analyse, je mets laconiquement en exergue la stratégie et les mécanismes susceptibles d’apporter une plus-value à une action politique. La gestion rationnelle des ressources humaines, les professions de foi attractives et la gestion efficiente des ressources publiques constituent, à ne point douter, le socle de la réussite politique.
Cette réflexion comporte certainement des insuffisances et pourrait susciter des critiques et des désaccords, surtout sur mon appréciation des actions de certains acteurs politiques gabonais que je cite nommément. C’est normal car, la dialectique de la bouteille à moitié vide, à moitié pleine, impose des débats contradictoires et qualitatifs.
I/ Définition
Le concept de Volonté politique peut se définir comme un marché par lequel les acteurs politiques s’engagent à mettre en œuvre leur projet de société au bénéfice de leur espace territorial et de leurs concitoyens. Par leur Volonté politique, ils se déterminent à matérialiser le fruit de leurs pensées et de leurs intentions. La pensée précède toujours l’action.
Le Philosophe Henri Bergson l’écrivait à juste titre : » Il faut agir en homme de pensées et penser en homme d’action« . Et à Derick Brinkerhoff de mentionner : » Pour définir la Volonté politique de façon succincte, on pourrait dire qu’il s’agit de l’engagement des parties prenantes à mener des actions dans le but de réaliser une série d’objectifs, et à fournir les moyens nécessaires à la mise en œuvre des actions dans le temps « .
Il ajoute : » Bien que la Volonté politique puisse s’exprimer à l’oral comme à l’écrit (discours, programmes politiques, documents juridiques…) elle ne se manifeste que par l’action « .
Il y a donc une relation binaire entre le logos et la praxis.
II/ La gestion rationnelle des ressources humaines
La Volonté politique ne peut s’accomplir merveilleusement que si les politiques publiques, les réformes institutionnelles, les transitions politiques et le développement économique et social sont mis en pratique par des acteurs bien formés, performants, compétents, expérimentés et disposant des profils requis. Des personnes qui aiment leur pays et placent aux premières loges les intérêts supérieurs de l’État.
L’absence d’une Volonté politique de mettre sur orbite des personnes capables et respectueux de la chose publique conduit inévitablement à un échec dans la réalisation des objectifs.
Dans le cas du Gabon, par exemple, je voudrais préciser qu’en citant nommément certains acteurs politiques dont la Volonté politique me paraît incontestable, je mets en évidence ma probité morale et intellectuelle, mon esprit critique (attention : à ne pas confondre esprit critique et esprit de critique), une appréciation rigoureuse et impartiale. Je ne me suis pas laissé emberlificoter par sentiments personnels, ni par des postures subjectives. Je n’ai pas eu l’intention d’adopter une attitude condescendante, ou inquisitoriale à l’égard de ceux dont la Volonté politique reste sujet à caution.
Depuis le 30 août 2023, date du coup d’État pacifique baptisé « Coup de libération », le général Brice Clotaire Oligui Nguema fait preuve d’une Volonté politique évidente. Eu égard aux actions concrètes à mettre à son actif.
De façon non exhaustive, je cite le rétablissement des bourses des élèves dans les lycées et collèges, le secteur économique du bâtiment et des travaux publics » BTP » qui est en effervescence, les voiries de grandes localités qui font peau neuve, la liquidation des pensions et des retraites à terme presque échu, etc.
Sous son impulsion, la Volonté politique de certains acteurs mérite d’être relevée et applaudie. Ainsi, le travail abattu par Alexandre Barro Chambrier au ministère de la Planification et, aujourd’hui, à la Vice-présidence du Gouvernement, Hermann Immongault au ministère de l’Intérieur, Camélia Ntoutoume-Leclercq à l’Education nationale, Adrien Mougougou à la Santé, Ogowet Siffon au Tourisme, Maurice Ntossui aux Eaux et Forêts, Régis Onanga Ndiaye aux Affaires étrangères, François Ndong Obiang à la Réforme des Institutions, Élodie Diane Fouefé-Sandjo à la Famille, doit objectivement être complimenté et exalté.
Depuis le dernier remaniement gouvernemental, le ministre d’État Henri Claude Oyima accomplit un véritable travail de bénédiction. Il démontre, avec érudition, sa maîtrise de l’économie et des finances publiques. Sa Volonté politique exprimée par le truchement de ses déclarations jointes à ses actions nous invite intellectuellement à le féliciter.
Quelques-unes de ses déclarations ont retenu notre attention : » Toutes les recettes générées sur le territoire national doivent être reversées systématiquement et obligatoirement au Trésor national » . » Nous devons d’abord mobiliser les recettes avant d’engager les dépenses » C’est le principe. « Le travail que nous faisons aujourd’hui, c’est de faire en sorte que toutes les recettes qui sont dues à l’État doivent être domiciliées dans les caisses du Trésor public« . « L’Etat dépense plus qu’il ne gagne réellement. La masse salariale est élevée ; elle atteint 45,6 % des recettes fiscales. Les recettes pétrolières diminuent progressivement « .
Sa Volonté politique de relancer l’économie, d’assainir les finances publiques, de réduire la dette et de lutter contre le chômage structurel des jeunes le rend très crédible.
Par contre, en quatorze ans de règne absolu, Ali Bongo et ses thuriféraires, par un manque de Volonté politique, ont lamentablement vendu du vent aux Gabonais. Leur gouvernance, qui restera tragiquement gravée dans la mémoire collective, s’est caractérisée par une piraterie financière démentielle, une flagrante violation des droits et libertés jamais connue au Gabon, un népotisme médiéval, un pays dévasté par une corruption endémique et systémique, une politique économique de marchand de tapis, des lilliputiens politiques dont la médiocrité frise l’apocalypse.
En définitive, le Gabon est tombé dans le néant et le degré zéro (0), le véritable point de repère.
III/ Les professions de foi
La Volonté politique d’un acteur est toujours sujette à une profession de foi. Une profession de foi est une déclaration publique des convictions d’un homme politique, qu’elles soient politiques, philosophiques, voire religieuses. Elle peut prendre la forme d’un discours, d’un manifeste ou d’autres moyens de communications parmi lesquels :
– le projet de Société
Un projet de Société est une vision globale, cohérente d’un acteur politique ou d’un parti politique. Sa finalité repose sur l’organisation et le fonctionnement de l’État que l’acteur politique veut mettre en œuvre. Il sert de boussole pour toutes les actions à mener, les décisions à prendre, les thématiques à développer fixant les objectifs à atteindre. Comme l’écrit si bien Henri Pena Ruiz : » Soutenu par des valeurs morales ou éthiques, un projet de société formule des principes et donne des orientations générales sous forme d’un programme politique « .
– une communication politique efficiente
Une communication politique est un ensemble de stratégies et de techniques dont la finalité est non seulement d’attirer, de fidéliser davantage les partisans, mais aussi d’influencer et de convaincre les populations pour gagner en crédibilité.
La communication politique joue donc un rôle central dans la propagande, la diffusion des idées, des discours, des messages dans les médias, les campagnes publicitaires, les ateliers, séminaires, colloques, etc.
– la transparence
La transparence constitue un élément clé dans la prise de décisions et la cohérence du groupe. Elle crée la confiance, non seulement entre le leader et son premier cercle de collaborateurs en les rassurant en permanence, mais aussi de les fidéliser.
– la rigueur dans l’exécution des professions de foi
La rigueur s’exprime fondamentalement dans le choix des principaux collaborateurs, qui doivent traduire la pensée de l’acteur principal et la mise en œuvre de ses actions. C’est dans ce registre que la bonne moralité est un critère très important dans ce choix des collaborateurs. Un collaborateur véreux, manipulable, transactionnel, mercantiliste, peut trahir à tous moments et mettre en mauvaise posture l’action politique du leader.
IV/ La gestion rationnelle des ressources publiques
La gestion rationnelle des ressources publiques peut se définir comme un ensemble de mécanismes mis en œuvre pour utiliser, de manière rigoureuse et transparente, les moyens publics. La planification des besoins et de leur utilisation permettra d’atteindre les objectifs fixés.
La Volonté politique des acteurs en matière de gestion des finances publiques nécessite un contrôle drastique du budget et des actifs de l’État (terrains, bâtiments, équipements, etc. Les administrateurs doivent rendre compte de l’utilisation des fonds publics. La reddition des comptes est un impératif.
La Volonté politique d’un acteur est la source fondamentale de la réussite ou de l’échec de son action. En effet, la réussite d’un homme, c’est bien l’homme lui-même qui la prépare ; l’échec d’un homme, c’est également l’homme lui-même qui le prépare. La Volonté politique est donc la fille du discernement.
Alfred Nguia Banda
Docteur en Droit
Diplôme d’études approfondies (DEA) Histoire des Idées politiques
Maîtrise de Sociologie politique.