En visite à Libreville, du 7 au 10 septembre, Reporters sans frontières (RSF) a salué les progrès accomplis par le Gabon en matière de liberté de la presse, tout en formulant une série de recommandations au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, et à son gouvernement. L’objectif est de renforcer durablement le droit d’informer avec une presse crédible et un modèle économique viable.
Le président Oligui Nguema a reçu le 9 septembre en audience une délégation de Reporters sans frontières (RSF) conduite par son directeur général, Thibaut Bruttin, et le directeur du bureau pour l’Afrique subsaharienne, Sadibou Marong.
Face aux journalistes présents, le chef de l’État a martelé : « Vous êtes libres », avant d’appeler à un journalisme exigeant et rigoureux en citant le proverbe : « L’œil qui a vu ne ment pas ». L’entretien s’est tenu en présence du ministre de la Communication et des Médias, Paul-Marie Gondjout, et de son collègue de la Justice, Séraphin Akure-Davain. Plusieurs acteurs du secteur de la communication étaient également conviés.
Des recommandations pour une liberté de la presse renforcée
RSF a émis une série de recommandations pour garantir un cadre plus protecteur de la liberté de la presse. L’organisation propose de publier une circulaire rappelant que les délits de presse relèvent uniquement du Code de la communication et non du Code pénal. Il faudrait également réviser les articles flous de ce Code afin de limiter les interprétations restrictives.
Sur le plan financier, l’organisation préconise d’augmenter le budget de la Haute Autorité de la Communication (HAC) et de rendre transparentes les aides publiques directes et indirectes à la presse. Ces aides pourraient être adossées à la Journalism Trust Initiative (JTI). Des mesures complémentaires, comme un régime fiscal allégé pour les médias, sont aussi envisagées.
Renforcer l’indépendance de la HAC pour consolider les acquis
Après l’audience présidentielle, la délégation de RSF a rencontré Germain Ngoyo Moussavou, président de la HAC. Ce dernier a rappelé que le pays compte 193 journaux, 77 radios, 42 télévisions et 179 médias en ligne, soulignant que l’instance privilégiait désormais la pédagogie plutôt que les suspensions.
Cependant, le mode de nomination des neuf membres de la HAC, jugé peu indépendant, demeure un sujet de préoccupation. RSF appelle ainsi à associer davantage les journalistes au processus de nomination. Selon l’organisation, c’est une condition essentielle pour consolider les avancées notables réalisées depuis 2020, qui ont permis au Gabon de passer de la 121e à la 41e place mondiale en matière de liberté de la presse.
