Dans un contexte marqué par la refondation de l’État sous l’impulsion du président Brice Clotaire Oligui Nguema, Yves Sylvain Moussavou livre une réflexion éclairante sur la place et le rôle du haut fonctionnaire au Gabon. Son analyse, empreinte de pédagogie et de rigueur, recadre une fonction trop longtemps brouillée par les confusions entre politique et administration.
Dans une publication sur sa page Facebook le 20 août 2025, Yves Sylvain Moussavou, citoyen gabonais et diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA-Gabon), a tenu à définir clairement ce qu’est un haut fonctionnaire dans le contexte gabonais. Pour lui, la fonction « se distingue par son rôle d’interface entre la permanence administrative et la contingence politique ». Cette mise au point intervient alors que le pays s’est engagé dans un vaste chantier de restauration du service public, visant efficacité et professionnalisme.
L’analyste souligne l’existence de deux catégories de hauts fonctionnaires : ceux des cabinets politiques, qui « servent directement une autorité politique (…) et s’assurent de la faisabilité technique et administrative ». Puis, ceux de l’administration permanente, qui « incarnent la stabilité de l’administration et garantissent la continuité du service public au-delà des alternances politiques ».
En rappelant que le haut fonctionnaire n’est pas une personnalité politique, Yves Sylvain Moussavou insiste sur « le principe de neutralité », pierre angulaire de la fonction publique. Sa loyauté, dit-il, « va à l’institution et à l’État, non à une idéologie partisane ».
Neutralité et loyauté : le cœur du métier
L’une des forces de la réflexion d’Yves Sylvain Moussavou est de replacer la neutralité au cœur de la mission du haut fonctionnaire. Si ce dernier demeure un citoyen libre de ses opinions, « ces opinions doivent demeurer dans la sphère privée ». Le devoir de réserve s’impose donc comme un gage de crédibilité pour l’action publique.
Ce rappel prend une résonance particulière dans un Gabon où, pendant 14 ans, sous la gouvernance chaotique d’Ali Bongo Ondimba, la confusion entre administration et politique a fragilisé les fondements de l’État. À travers sa mise au point, Yves Sylvain Moussavou redonne sens à un rôle stratégique : celui du gardien de la continuité institutionnelle, garant du sérieux et de la solidité des politiques publiques.
Des pistes pour un haut fonctionnariat renforcé
Au-delà de la définition, l’enjeu est de consolider le professionnalisme des hauts fonctionnaires afin qu’ils demeurent au service du plus grand nombre. Cela passe par : des séminaires réguliers sur l’éthique, la neutralité et le devoir de réserve ; la formation continue, pour actualiser compétences juridiques, managériales et techniques ; un encadrement rigoureux des nominations afin de privilégier le mérite et la compétence et la création de cercles de réflexion et d’échange entre hauts fonctionnaires et universitaires pour nourrir la vision d’une administration moderne.
Ainsi, le haut fonctionnaire gabonais pourra incarner l’exigence d’un État rénové : rigoureux, loyal et au service exclusif de la République et du développement national.
