23.8 C
Libreville
dimanche, 16 novembre 2025
More
    AccueilSociétéJusticeProcès famille Bongo Valentin : peines records, confiscations massives et mandats d’arrêt à la clé

    Procès famille Bongo Valentin : peines records, confiscations massives et mandats d’arrêt à la clé

    Publié le
    Écouter cet article

    Clôturé dans la nuit du 11 au 12 novembre, après s’être ouvert la veille, le procès de Sylvie Aimée Marie Valentin, épouse de l’ancien président Ali Bongo, et de son fils, Noureddin Edouard Bongo Valentin, a abouti à un verdict sévère. La Cour criminelle a condamné chacun des accusés, par contumace et à l’unanimité des voix, à 20 ans de réclusion criminelle assortis d’une amende de 100 millions de FCFA pour leur rôle dans un vaste système de prédation des fonds publics. Des mandats d’arrêt ont été décernés à leur encontre.

    Le procès, qui s’est tenu les 10 et 11 novembre au palais de justice de Libreville, a été marqué par une forte affluence et des mesures de sécurité renforcées. Des Gabonais, se présentant comme membres de l’association des citoyens indignés, ont manifesté leur soutien à la justice gabonaise et dénoncé l’absence des accusés. Après une première journée axée sur les questions de procédure, le fond du dossier a été abordé le 11 novembre avec l’audition de témoins clés, les plaidoiries des avocats de la partie civile et le réquisitoire très attendu du ministère public.

    Un « pouvoir familial » au service de l’extravagance 

    Le procureur général Eddy Minang a été ferme dans son réquisitoire, soulignant qu’il s’agissait du procès de la « famille Bongo Valentin », accusée d’avoir « tristement travesti, lamentablement subverti l’exercice du pouvoir suprême » après l’AVC de l’ancien chef d’État. Le procès, a-t-il insisté, expose un « désastre moral et politique » incarné par les folies et les dépenses extravagantes des accusés.

    Le procureur général Eddy Minang, dont le réquisitoire a souligné un "désastre moral et politique" et a qualifié le procès de celui de la "famille Bongo Valentin"
    Le procureur général Eddy Minang, dont le réquisitoire a souligné un « désastre moral et politique » et a qualifié le procès de celui de la « famille Bongo Valentin ».

    Les nombreux anciens collaborateurs entendus par la Cour sont venus expliquer et commenter à la barre comment les accusés s’étaient enrichis de façon indécente et comment le système mis en place avait permis de détourner les fonds publics. Pour le procureur général Minang, les structures créées n’étaient « pas des entreprises, (…) mais des coffres forts d’un pouvoir familial destinés à accaparer ».

    Le réquisitoire a mis en lumière la démesure des dépenses personnelles de l’ex-première Dame et de son fils : pour la seule période 2016-2023, les sociétés civiles immobilières (SCI), utilisées comme des « coffres forts », ont été financées à hauteur de 42 milliards de FCFA, a révélé Eddy Minang. Sylvia Bongo a reçu plus de 16 milliards de FCFA du trésor public pour ses besoins personnels, une somme jugée « ahurissante ».

    La cour criminelle a condamné les accusés à 20 ans de prison et décerné des mandats d'arrêt à leur encontre
    La cour criminelle a condamné les accusés à 20 ans de prison et décerné des mandats d’arrêt à leur encontre.

    Les fonds détournés, selon le procureur général, ont servi à financer un train de vie fastueux et des acquisitions mondiales, dont l’achat de deux aéronefs d’une valeur de 195 milliards de FCFA, un palace dans le quartier huppé de Mayfair à Londres estimé à 44 milliards de FCFA, et un palais à Marrakech édifié sur plusieurs hectares pour 50 milliards de FCFA. Au Gabon, la résidence Nam, dont la valeur atteint 80 milliards de FCFA, a été qualifiée par le représentant du ministère public de « monument d’arrogance », « une cathédrale de vanité construite avec l’argent du peuple ».

    Le procureur général a affirmé que l’argent détourné et blanchi, incluant les actifs au Gabon (hôtels, participations bancaires) et les flux financiers, atteignait un montant total de quatre mille quatre cent deux milliards de FCFA. Un montant qui donne le vertige. En conséquence, le ministère public a requis 20 ans de réclusion criminelle et 10 millions d’amende pour chaque accusé.

    Culpabilité et réparations colossales 

    Statuant en dernier ressort, la Cour a déclaré les deux accusés coupables des faits qui leur étaient reprochés. Sylvie Aimée Marie Valentin, épouse Bongo, a été reconnue coupable du crime de recel et détournement de fonds publics, ainsi que des délits de blanchiment de capitaux, d’usurpation de fonction et d’instigation au faux. Son fils, Noureddin Edouard Bongo Valentin, a quant à lui été reconnu coupable du crime de détournement de fonds publics, et des délits de blanchiment de capitaux, de concussion et d’association de malfaiteurs. En répression, tous deux sont condamnés à 20 ans de réclusion criminelle et à 100 millions de FCFA d’amende.

    L’État gabonais s’étant constitué partie civile, la Cour a prononcé des condamnations financières record à titre de préjudice. Pour les dommages financiers, Noureddin Bongo Valentin devra payer 1 201 546 200 052 FCFA, tandis que Sylvie Valentin Bongo devra verser 56 610 684 016 FCFA. De plus, ils sont condamnés solidairement à payer conjointement la somme colossale de 1 000 milliards de FCFA à l’État gabonais pour la réparation du préjudice moral subi.

    La Cour a enfin ordonné la confiscation massive au profit de l’État gabonais des avoirs et biens acquis. Cette confiscation englobe les avoirs bancaires gelés, les titres fonciers, une trentaine de sociétés civiles immobilières (SCI) saisies pendant la procédure, ainsi que l’ensemble des actions détenues directement ou indirectement dans des sociétés en participation.

    Ce verdict marque une étape majeure dans la lutte contre la corruption au Gabon, répondant à « l’espoir que la justice parle, et qu’en parlant elle nous libère » exprimé par le procureur général. De nombreux Gabonais se montrent cependant sceptiques quant à l’exécution des mandats d’arrêt décernés à l’encontre de l’épouse d’Ali Bongo et de leur fils Noureddin, ces derniers ayant élu domicile à Londres depuis leur mise en liberté provisoire en mai dernier.

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici
    Captcha verification failed!
    Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

    Entretiens exclusifs

    Articles Populaires

    Dernières nouvelles