Une coalition de partis politiques et de candidats indépendants de Port-Gentil a publié une déclaration conjointe ce 30 septembre, dénonçant un scrutin législatif et local du 27 septembre entaché d’« irrégularités graves » et exigeant son annulation pure et simple. Elle qualifie le processus de « mascarade grotesque» et de «cicatrice indélébile sur le visage de la démocratie».
La coalition regroupe notamment le Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS) de Ndaot Rembogo, l’Union du peuple gabonais (UPG), le Parti gabonais du progrès (PGP), le Centre des libéraux réformateurs (CLR), le Rassemblement pour la nouvelle République (RNR), ainsi que des candidats indépendants de renom, dont Bernard Apérano, ancien maire de la ville.
Les signataires expriment une amertume profonde face à un processus qui n’a pas respecté les engagements de la Transition en faveur d’élections libres et transparentes. Ce scrutin, selon eux, renoue avec les anciennes pratiques de manipulation du fichier électoral et de corruption, auxquelles la Transition avait pourtant mis un coup d’arrêt en 2023.
Des irrégularités répétées et une corruption « avérée »
Les griefs du collectif se concentrent sur un processus entaché, de la préparation au jour du vote. En amont, plusieurs manquements de l’administration sont pointés : l’exigence du dépôt des candidatures avant la publication de la liste électorale, l’affichage tardif des listes d’électeurs et l’indisponibilité des carnets de procuration.
Durant la campagne et le jour du vote, les violations du Code électoral sont jugées flagrantes. Les candidats dénoncent l’utilisation de biens publics (véhicules de la Mairie) à des fins de propagande et une « corruption avérée par la distribution de sommes d’argent », de kits alimentaires ou de boissons alcoolisées. Ils affirment également avoir constaté l’influence et la contrainte des électeurs via l’organisation d’événements populaires au stade Divungui, ainsi que des irrégularités logistiques (absence de bulletins de vote, distribution illégale de cartes d’électeurs).
Exigence d’enquête et recours en vue
Face à ces constats, les candidats exigent une action rapide, car « L’ombre de la corruption plane sur ce processus électoral », et « le suffrage, droit fondamental et pilier de notre République, a été bafoué» .Ils réclament qu’une « enquête indépendante et impartiale doit être diligentée sans délai», pour faire la lumière sur ces actes «ignominieux», incluant l’examen du financement des campagnes. Jugeant que le scrutin « ne saurait être accepté », les partis et indépendants annoncent se « réserver le droit de saisir les juridictions compétentes en la matière, aux fins d’annulation pure et simple desdits scrutins». Ils concluent que la justice doit triompher pour « restaurer la dignité de notre démocratie».
Des vidéos circulant en ligne attestent de rassemblements au stade Divungui, lequel a été transformé en un véritable lieu d’achat de voix. Ces images montrent la distribution de billets de banque et de bons d’achat aux électeurs. De nombreux témoins rapportent d’ailleurs qu’après le scrutin, plusieurs électeurs se rendaient dans les QG de partis politiques avec des vidéos prouvant leur vote afin d’obtenir une contrepartie financière. Contacté par la rédaction de Gabonclic. Info, le président du PDS, Maître Séraphin Ndaot Rembogo, a déclaré être tenu au devoir de réserve en raison de ses fonctions de président du Conseil national de la démocratie (CND). Il a cependant lâché, amer, au sujet des événements : « Ce qui a été fait à Port-Gentil, c’est la première fois que je vois cela ».
