« Le journaliste malien vit et travaille dans des conditions indignes de son rôle ». C’est par ce constat sans appel que Boubacar Kanouté, président de l’Union des Journalistes Reporters du Mali (UJRM), a ouvert sa prise de parole lors de la présentation d’un rapport inédit sur les conditions de vie et de travail des journalistes maliens. Ce document, fruit d’une enquête menée de mars à juillet 2025 à Bamako et dans huit régions, met en lumière une réalité souvent occultée : la grande précarité de la profession.
« Ce rapport marque une étape importante pour notre profession », a déclaré le président Kanouté, soulignant que cette enquête est l’une des rares à documenter «de manière claire, objective, indépendante et complète » les défis auxquels sont confrontés les journalistes du pays. L’étude, financée intégralement par l’association elle-même, révèle une situation alarmante, loin de l’image de la « plume libre » souvent véhiculée.
Des problèmes majeurs révélés par le rapport
Les résultats de l’enquête sont sans équivoque et dessinent un tableau ténébreux de la profession. Le rapport pointe du doigt plusieurs problèmes majeurs notamment : l’absence généralisée de contrats de travail et la non-application de la convention collective, des salaires souvent dérisoires et irréguliers, une couverture sociale quasi inexistante pour la majorité des journalistes, un manque cria de formation continue, en dépit des nouvelles exigences du numérique.

« Combien d’entre nous se lèvent le matin, sans certitude de pouvoir nourrir leur famille ?», s’est interrogé Boubacar Kanouté, illustrant par cette question les difficultés quotidiennes vécues par les journalistes. Il a insisté sur la nécessité de rendre cette réalité publique, afin qu’elle soit connue de tous : autorités, employeurs, partenaires et société civile. « Car derrière chaque article, chaque reportage, se trouvent des femmes et des hommes qui se battent pour informer », a-t-il ajouté.
Un appel à l’action pour un avenir plus digne
L’objectif du rapport n’est pas seulement de dénoncer, mais aussi de proposer des solutions concrètes. Le président de l’UJRM a lancé un appel à un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, pour « l’application effective des lois et conventions existantes » et la mise en place d’un mécanisme de protection sociale adapté aux journalistes. Il a également plaidé pour des programmes de formation continue afin de renforcer les compétences de la profession.
«La publication de ce rapport n’est pas une fin, mais un point de départ», a conclu Boubacé Kanouté, invitant chacun à se mobiliser. « Défendre les conditions de vie et de travail des journalistes, c’est défendre la liberté de la presse, et défendre la liberté de la presse, c’est défendre la démocratie malienne ». Un appel fort, qui espère faire de ce rapport un « levier d’action » pour construire un avenir plus digne pour les journalistes du Mali.
