Alors que nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis, l’Allemagne et la France, invoquent une dégradation sécuritaire pour exhorter leurs citoyens à quitter le Mali, cette série d’avertissements est perçue avec suspicion par une partie de l’opinion malienne, qui y voit une tentative de déstabilisation.
En effet, ces dernières semaines, les alertes de sécurité se sont multipliées. L’Allemagne, l’Italie, la France et les États-Unis ont, tour à tour, recommandé à leurs ressortissants de quitter « immédiatement » le Mali. La raison est : une «détérioration de la situation sécuritaire» rendant leur présence à Bamako et dans le reste du pays de plus en plus risquée.
A signaler que ces annonces interviennent dans un contexte national particulièrement difficile. Le Mali fait face à des difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures, une pénurie que de nombreuses sources attribuent à des attaques terroristes ciblant les camions-citernes sur les axes routiers stratégiques.
Une tentative de «précipiter la chute de Bamako» ?
Pour de nombreux Maliens, la concomitance de ces attaques et des avertissements diplomatiques n’est pas une coïncidence. L’analyse qui prévaut chez certains est que ces «petites embuscades» visent à fragiliser l’économie pour provoquer un soulèvement populaire contre les autorités de la transition.

Dans cette optique, les appels au départ des ressortissants occidentaux sont interprétés non pas comme une mesure de précaution, mais comme une manœuvre politique. «Ils s’imaginent pouvoir créer une tension socio-économique et politique», confie un observateur local. Pour lui, l’objectif de ces pays serait de «créer la panique au sein de la population pour accélérer une supposée chute de Bamako».
La population entre résilience et défiance
Loin de l’affolement, les réactions recueillies dans la capitale malienne témoignent d’une forme de résilience et d’un rejet de ce qui est perçu comme une ingérence. «Ces agissements ne sont autres que pour nous faire détester la transition», analyse un groupe de jeunes attablé autour d’un thé dans un quartier de la capitale. «Jamais les manipulations de l’extérieur ne nous feront révolter contre nos dirigeants».
Un sentiment partagé par ce marchand du marché de Sirakoro-Megueta : «S’ils quittent parce que ça ne va pas chez nous, qu’ils ne reviennent plus jamais», lance-t-il, résumant le sentiment de «bon débarras» qui émane de certaines conversations.
Un « bon présage » pour la lutte anti-terroriste ?
Paradoxalement, certains analystes de la scène sécuritaire voient le départ de ces expatriés d’un bon œil. Selon eux, la présence de ressortissants occidentaux constitue une cible de choix pour les groupes terroristes, qui voient dans les enlèvements une source majeure de financement à travers les rançons. «Le départ des ressortissants de ces pays du Mali fait bon présage», note un spécialiste, « car il éviterait des enlèvements de ceux-ci afin de mettre fin à leur renforcement financier à travers les rançons».
Face à ce qui est perçu comme une série de pressions externes, la population malienne réaffirme sa détermination à soutenir les autorités de la transition pour, dit-elle, «combattre ces moments difficiles et bâtir un lendemain meilleur».




