Le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) a dénoncé, lors de sa conférence de presse ce vendredi 19 septembre, la situation de plusieurs magistrats en exercice qui, en dépit de leur candidature aux élections législatives et locales, n’ont pas été mis en disponibilité. Cette pratique illégale met en péril l’impartialité de la justice et la crédibilité des institutions.
« Les candidatures des magistrats ne peuvent être acceptées pendant l’exercice de leurs fonctions qu’en cas de démission ou de mise en disponibilité préalable », a rappelé le Synamag, citant l’article 190 de la loi organique portant Code électoral. Une exigence qui, selon le syndicat, n’a pas été respectée, malgré plusieurs interpellations restées sans réponse.
Le Secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), pourtant garant de la discipline des magistrats, est resté silencieux. « Pourquoi l’organe qui incarne l’autorité judiciaire, le gendarme de la discipline et garant du respect des règles et principes auxquels tout magistrat est astreint, reste-t-il insensible ? », s’est interrogé le Synamag.
Des cas concrets pointés du doigt
Le syndicat cite plusieurs noms, dont celui d’Apollinaire ONDO MVE, Inspecteur général des Services judiciaires, candidat de l’Union pour la République (UPR) aux élections législatives. Le Synamag déplore le maintien en fonction d’un haut responsable judiciaire qui se présente à une élection politique, alors que son rôle est de garantir le respect des bonnes pratiques et du statut des magistrats.
Sont également pointés du doigt Christiane NZIENGUI, Procureure générale près la Chambre provinciale des comptes de Tchibanga, Judicaël NDO EBAMBA, magistrat de l’ordre judiciaire, et Anicet LINGOMBE ENGO, affecté à la Cour des comptes et en détachement au ministère des Eaux et Forêts. Tous sont candidats pour le parti Union démocratique des bâtisseurs (UDB). Le syndicat a dénoncé le fait que certains continuent d’exercer leurs fonctions juridictionnelles, ou de profiter des avantages qui y sont rattachés, en violation manifeste des textes.
Un précédent ignoré
Cette crise de confiance n’est pas sans précédent. L’affaire Linda Bongo, sœur de l’ancien président Ali Bongo, avait fait scandale. Photographiée en tenue du Parti démocratique gabonais lors d’un meeting de campagne, elle avait provoqué l’indignation de l’opinion publique et de ses pairs. À l’époque, son immunité supposée était attribuée à son lien de parenté avec le chef d’État. Après la chute d’Ali Bongo, la magistrate a été traduite en Conseil de discipline.
Ce précédent n’a visiblement pas servi de leçon. Les magistrats incriminés aujourd’hui appartiennent à des formations politiques proches du pouvoir, l’UDB et l’UPR. Ce qui suggère un soutien qui compromet l’image et l’intégrité de la magistrature.
