Pierre Matthieu Obame Etoughe, Maire de Libreville, a effectué hier une nouvelle visite à Mont-Bouet. Comme ses prédécesseurs, il entend marquer son entrée en fonction par une gouvernance de proximité. Le rituel est bien connu : descente sur le terrain, échanges avec les commerçants, constats répétés… puis, une longue attente. Une routine qui alimente l’exaspération des usagers, tant ce marché, le plus grand de la capitale, reste marqué par l’insalubrité et l’anarchie.
À Libreville, chaque nouveau maire commence son mandat par une tournée au marché de Mont-Bouet, et Pierre Matthieu Obame Etoughe n’a pas dérogé à cet exercice habituel. « On devrait avoir un environnement moderne avec des services adaptés…Nous devons digitaliser les recettes… Bâtir des infrastructures pour permettre aux commerçants de travailler », a-t-il déclaré, justifiant sa descente par la nécessité d’évaluer les investissements en cours.

Un état des lieux récurrent : assainissement, inondations, anarchie foncière
Sur le terrain, les mêmes constats reviennent : caniveaux obstrués, eaux stagnantes et risques d’inondation. Le maire a annoncé l’intervention prochaine d’équipes partenaires pour curer les caniveaux et les “nids de rivières”, une promesse déjà entendue lors des précédentes visites municipales.
S’est également ajouté un problème persistant de chevauchement de titres fonciers entre la mairie et certains usagers. Une fois encore, des commissions seront mises en place pour tenter de clarifier un dossier qui contribue depuis longtemps au désordre structurel du marché.
Des attentes exprimées depuis la transition… et toujours en suspens
Lors d’une précédente rencontre avec le maire sortant, Adrien Nguema Mba, les commerçants avaient formulé des demandes précises, restées pour l’instant sans solution. Ils réclamaient notamment l’ajustement des horaires à 20h30, une clarification juridique du ticket de 1 000 FCFA, la fin des pratiques administratives abusives et l’instauration d’un cadre réglementaire stable afin de travailler dans des conditions plus justes et plus prévisibles.
Face à la répétition de ces tournées sans lendemain concret, les gabonais espèrent que cette nouvelle descente ne sera pas, encore une fois, perçue comme une visite « touristique ». Ils attendent du nouveau maire une action durable, structurée et suivie, capable d’apporter de véritables améliorations à un marché stratégique pour l’économie urbaine.
Mont-Bouet, symbole d’un paradoxe national
Si la mairie affirme vouloir moderniser ses services, digitaliser les recettes et renforcer la cartographie des contribuables, les usagers, eux, exigent surtout des résultats visibles. Mont-Bouet demeure un poumon économique essentiel, mais toujours enfermé dans des problématiques chroniques que les visites officielles n’ont jamais réussi à résoudre.

La question reste donc entière : après plus de soixante ans d’indépendance, combien de mandats faudra-t-il encore pour mettre enfin fin à des décennies de gestion désordonnée du marché ?


