L’état de grâce est-il bel et bien terminé ? Face au contexte sociopolitique et à la multiplication des griefs, les enseignants, les retraités et le secteur privé s’apprêtent à former un front social qui inquiète. Martial Idoundou analyse la situation, soulignant que seule une réduction drastique et publique du train de vie de l’État peut encore éviter que 2026 ne se présente sous de funestes auspices.
L’euphorie du 3 mai 2025, jour du sacre de Brice Clotaire Oligui Nguema au stade d’Angondjé, allait forcément se dissiper. C’est ainsi même dans un couple. Pour ce qui concerne le PR*, le désamour est survenu trop vite, en raison des opérations de démolition de l’habitat spontané dans Le Grand Libreville, moins de deux mois après son investiture. La crise s’aggrave avec les scandales de détournements de deniers publics et, actuellement, la très impopulaire taxe forfaitaire d’habitation.
La taxe de trop, et la menace d’une paralysie
Face à des gouvernants qui vivent aux crochets de l’État, le petit peuple ne semble plus près de faire des efforts supplémentaires. La nouvelle taxe apparaît comme la taxe de trop, qui ouvre la boîte de Pandore.
Le PR peut s’attendre à une année 2026 très mouvementée. Sa gouvernance brouillonne donne raison à tous les pans de la société de ne lui accorder aucun état de grâce. Les enseignants, du primaire au supérieur, ont déjà haussé le ton. En réalité, ils n’ont fait que poser les problèmes de tous les agents publics : les situations administratives (conditions de vie), auxquelles il faudra ajouter l’amélioration des conditions de travail. Fatalement, les retraités, qui attendent le paiement des services rendus et des rappels solde, emboîteront le pas.
Dans le secteur privé, la crise économique fait rage. Le feu couve sous la cendre. Les mouvements sociaux dans le public décideront les salariés à manifester. Les chômeurs, victimes de la gouvernance approximative, ne seront pas en reste.
La paralysie qui en découlera poussera élèves et étudiants dans la rue, pour demander que leur avenir ne soit pas mis en péril. Ils y trouveront les fonctionnaires et les salariés du privé. Question : le général Oligui Nguema sera-t-il tenté de mater les manifestants ?
L’urgence d’une justice sociale visible
Le PR a la possibilité de désamorcer la bombe dès maintenant, en donnant des signaux forts de justice sociale. Il doit renoncer publiquement à ses faramineux fonds de souveraineté, augmentés de façon plus que scandaleuse. Il n’est pas décent de s’octroyer des avantages exorbitants et, en même temps, de demander au petit peuple de se saigner aux quatre veines.
Le PR gagnerait à réduire les effectifs du gouvernement et des cabinets ministériels, les émoluments et les avantages des ministres. Il devrait aussi revoir la nature et le nombre de leurs moyens roulants pris en charge par l’État.
La taille, extensible à souhait, de l’institution qu’est la présidence de la République pose problème. Disons franchement que c’est un gouffre à sous.
Réduire le train de vie de l’Etat pour éviter le cumulonimbus
Plusieurs autres mesures de réduction des charges publiques doivent être envisagées, notamment du côté des institutions constitutionnelles. Voilà une matière qui peut alimenter le discours à la nation du PR le 31 décembre.
Si le peuple ne sent pas un effort collectif, la météo annoncera un cumulonimbus pour le PR. 2026 se présente sous de funestes auspices.
Martial Idoundou
Journaliste
NB : Les intertitres sont de la Rédaction
*Président de la République

