Libreville, 11 juillet 2025 – A l’occasion de la 21e Journée du Géographe, les autorités gabonaises, les universitaires et les experts ont convergé autour d’un enjeu central : faire de « l’économie bleue » un levier stratégique du développement national. Cette journée a mis en lumière la place cruciale de la géographie dans l’élaboration des politiques publiques, la planification territoriale et la gestion durable des ressources aquatiques.
La 21ᵉ journée du Géographe, organisée à l’Université Omar Bongo, a rassemblé une diversité d’acteurs, parmi lesquels des étudiants, des chercheurs, des responsables ministériels et des partenaires techniques, autour d’un thème fédérateur : « Le Gabon bleu : dynamiques et contributions au développement du Gabon ». Cette édition a marqué un tournant symbolique et stratégique, redonnant à la discipline géographique toute sa portée dans la réflexion et l’action publique.
Le concept du « Gabon bleu », forgé dès les années 2000 par des géographes visionnaires comme le Pr Marc-Louis Ropivia, désigne la valorisation durable de l’immense domaine maritime gabonais, dont les potentialités restent encore sous-exploitées. Avec plus de 200.000 km² de zone maritime, une façade côtière de près de 950 km et un dense réseau hydrographique, le Gabon dispose d’un capital naturel propice à une stratégie économique intégrée et résiliente.
Pourtant, comme l’ont rappelé plusieurs intervenants, le pays demeure encore dépendant de ses ressources pétrolières et souffre d’un retard dans les secteurs de la pêche, des industries maritimes ou de la logistique portuaire, face à une concurrence régionale accrue. Le manque d’un armement national, l’insuffisance d’infrastructures modernes et l’absence de cartographie fine des zones maritimes sont autant d’obstacles à lever.
![[Le Gabon bleu] Vers une nouvelle boussole géographique pour le développement durable 1 [Le Gabon bleu] Vers une nouvelle boussole géographique pour le développement durable](https://gabonclic.info/wp-content/uploads/2025/07/518256223_122133575372831112_4478019956233697401_n-1024x577.webp)
La géographie : une discipline stratégique
C’est précisément ici que la géographie trouve toute sa pertinence. « Les géographes analysent, modélisent, planifient, alertent et proposent », a martelé Barthélémy Ngoulakia, secrétaire général du ministère de la Pêche. Grâce à des outils comme les Systèmes d’information géographique (SIG), la cartographie numérique ou les études environnementales, les géographes deviennent des acteurs incontournables de la planification territoriale, de la prévention des risques et de la gestion des ressources.
La présidente des Journées du Géographe, Joëlle Meba Me Nguema, a rappelé que l’objectif initial de ces rencontres était de « décloisonner la géographie universitaire » et d’en démontrer l’utilité sociale. Aujourd’hui, ces ambitions prennent une résonance nouvelle dans un contexte national de transition politique, marqué par la volonté du gouvernement de renforcer la souveraineté économique et la résilience climatique.
Une volonté politique affirmée
Le soutien apporté par le ministère de la Mer, de la pêche et de l’économie bleue, représenté par sa ministre, marraine de l’événement, a été salué comme un signal fort. Cette volonté politique s’inscrit dans une stratégie de diversification économique alignée sur les priorités du Plan national de développement de la transition et la feuille de route du Président de la République.
Comme souligné par un représentant ministériel, il s’agit de bâtir « une stratégie nationale économique ambitieuse, cohérente et ancrée dans la réalité du territoire ». Pour cela, les collaborations entre ministères, universités, instituts de recherche et société civile sont encouragées, en particulier dans les domaines de la recherche appliquée, de la formation et de la sensibilisation environnementale.
Des perspectives ouvertes
Cette édition a également mis l’accent sur la géographie comme levier d’innovation au service de politiques inclusives et de réponses concrètes aux défis contemporains : changements climatiques, sécurité alimentaire, urbanisation côtière ou pression anthropique.
Les partenaires institutionnels et techniques, tels que le Conseil gabonais des chargeurs, la Direction générale des écosystèmes aquatiques ou encore l’École des eaux et forêts, ont réaffirmé leur engagement à soutenir cette dynamique.
La Journée du Géographe 2025 aura été plus qu’un simple événement académique. Elle a jeté les bases d’un nouveau pacte entre science, société et État, où la géographie n’est plus une science secondaire, mais une boussole pour le développement durable du pays. Dans un monde en transition, penser le territoire, c’est déjà commencer à le transformer. Et avec le Gabon bleu, c’est toute une vision qui prend le large.
