L’Arboretum de Sibang, dans le 6e arrondissement de Libreville, a accueilli ce samedi 13 décembre 2025, un bain linguistique consacré à la langue ypunu, une initiative portée par Youssouf Mboumba, journaliste et promoteur d’événements, et Danielle Mboumba, présidente de l’ONG Jeune femme ose (JFO), visant à valoriser les langues et la culture gabonaises au cœur de la ville.
Pensé comme un espace de reconnexion culturelle, ce programme ambitionne de « faire entrer le village dans la cité » afin de permettre aux familles, et surtout aux enfants, de renouer avec leurs langues maternelles et les valeurs qu’elles véhiculent. Durant près d’une journée entière, les participants ont été invités à se déconnecter du monde moderne pour s’immerger exclusivement dans la langue yipunu, au contact de la nature.
Un défi de transmission face aux influences extérieures
Pour Youssouf Mboumba, l’enjeu est crucial. « Le défi pour les familles aujourd’hui est de transmettre la langue aux enfants. Les influences extérieures rendent cet exercice très difficile. À travers ce programme, nous reconnectons les familles à la langue, mais aussi aux valeurs, à l’identité et à ce qui nous définit en tant que peuple », a-t-il soutenu.

Cette première étape a mis à l’honneur le ypunu, avec des activités pédagogiques centrées sur la découverte des arbres, des plantes et de l’environnement, expliqués exclusivement dans cette langue. Une immersion rendue possible grâce à l’accompagnement de figures engagées dans la sauvegarde du patrimoine linguistique.
Présidente de l’association « La Langue, Notre Histoire » et animatrice principale de l’événement, Mboulou Michelle, surnommée la Punu au sang royal, a souligné l’importance de cette démarche « Nous œuvrons pour la promotion et la transmission des langues maternelles. À Sibang, tout ce que nous avons vu a été expliqué en ypunu. Les enfants ont ainsi beaucoup appris et découvert notre richesse culturelle », a-t-elle déclaré.
Un programme appelé à s’élargir
Présent pour soutenir l’initiative, l’acteur culturel Mboumba Kery a salué une action appelée à durer. « Aujourd’hui, c’était le yipunu. Demain, ce pourra être le nzebi, le kota, le fang et bien d’autres. J’invite les populations à participer massivement et à y amener les jeunes, car c’est à travers la langue que l’on apprend le mieux son patrimoine », a-t-il précisé.

Ouvert à toutes les ethnies, le bain linguistique se veut un programme inscrit dans la durée, avec des rencontres prévues chaque semaine ou toutes les deux semaines, afin de contribuer à la préservation des langues gabonaises et à la transmission d’une identité culturelle menacée.


