La « grande caravane médicale sino-gabonaise », annoncée avec faste à Okondja les 5 et 6 septembre 2025, est un pansement électoraliste sur une blessure profonde. Derrière les promesses de gratuité et les sourires officiels se cache une pratique surannée, datée et inefficace : la médecine spontanée, qui soigne en deux jours pour laisser les malades seuls le reste de l’année.
Sous le haut patronage du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, et sous l’organisation du ministre de la Défense nationale, Brigitte Onkanowa, l’Hopital départemental d’Okondja s’apprête à accueillir une « caravane » qui promet des miracles : consultations gratuites et spécialités multiples (chirurgie générale, gynécologie, pédiatrie, ophtalmologie), la promesse est belle. Mais la santé publique ne se réduit pas à une opération de communication de 48 heures envers une population vulnérable qui ne demande pas autre chose que de la dignité.
Une solution éphémère face à des besoins pertinents
La maladie ne prend pas rendez-vous. On ne peut pas traiter durablement une population entière en deux jours. Que deviennent les patients après le départ de cette caravane ? Qui assure leur suivi en cas de complications ? Certainement pas l’hôpital départemental d’Okondja, où manquent cruellement médicaments, équipements modernes et spécialistes. Là-bas, un seul médecin généraliste se débat au quotidien face à une misère sanitaire endémique.
Derrière l’altruisme affiché, la vérité est implacable : cette « caravane médicale » n’est qu’une vitrine électorale. Brigitte Onkanowa, ministre de la Défense et organisatrice de l’événement, est aussi candidate à l’élection législative du 27 septembre 2025 à Okondja. Sous couvert d’une aide humanitaire, s’impose une stratégie politique qui reprend les méthodes du régime inhumaine et criminelle d’Ali Bongo : actions ponctuelles, médiatisées et sans vision de long terme. Une opération au cours de laquelle la poudre de perlimpinpin sera vendue aux populations.
L’exigence de solutions durables
Les populations d’Okondja ne demandent pas des caravanes médicales sans lendemain. Elles exigent des structures pérennes : un hôpital moderne, des médicaments accessibles, des médecins en nombre suffisant et des dispensaires ruraux pour désenclaver les villages. Bref, une véritable politique de santé publique, et non des gestes électoralistes insignifiants et totalement déshumanisants.
La Ve République ne doit plus tolérer la médecine d’un jour. Ce n’est pas en organisant des caravanes que l’on soigne un peuple, c’est en bâtissant un système de santé digne de ce nom. Tant que ces pratiques persisteront, elles ne seront qu’une diversion pour masquer la pauvreté et l’abandon des populations. C’est indigne de la nouvelle vision imposée et voulue par « l’Homme du 30 août 2023 ».
Allons-y tout droit au but. Peut-être que certains l’ignorent volontairement, l’acte posé par « l’Homme du 30 août 2023 » mérite une reconnaissance à l’aune de son sacrifice. Le Gabon était au bord d’une tragédie et son interposition a permis d’éviter le pire. C’est pourquoi, tous les actes posés en son nom doivent épouser la grandeur qui sied à sa stature. Il faut le faire rayonner en rendant la dignité aux Gabonais et non perpétuer des postures d’avilissement du peuple. « La richesse nationale du Gabon – écrivait avec force et conviction le 09 décembre 2016 sur mays-mouissi.com, May Mouissi, économiste de renom – pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, a été évaluée par le FMI en 2015 à 14 milliards USD. Son PIB par habitant de 7 728 USD est l’un des plus élevés sur le continent africain ». Comme on le voit, une telle population ne peut plus se contenter de l’aumône mais doit être bénéficiaire d’un système de santé de qualité.
Aux caravaniers de se regarder dans le miroir de nos richesses multiples et variées en s’interrogeant : ce peuple ne mérite-t-il pas mieux ?
