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    [Gabon Economic Forum] L’avis d’un expert : Patrick Mouloungui, directeur de la banque de détail UBA

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    En marge de la grande rencontre économique, placée sous le haut patronage du président de la République et sous l’égide du ministère de l’Économie, des finances, de la dette et des participations, en charge de la lutte contre la vie chère, nous avons tendu notre micro à un participant, qui nous a confié, à bâtons rompus, ses impressions sur l’importance de ce grand forum. Lecture.

    Gabonclic.info : Quel est votre regard sur l’organisation de ces assises ?

    Patrick Mouloungui : Le Gabon Economic Forum, dont le thème est « Transformer l’économie gabonaise pour assurer une croissance durable et partagée », a permis de mettre en lumière plusieurs problématiques majeures. Aujourd’hui (mardi 08/07/2025 Ndlr), on a notamment parlé de l’endettement. Et je pense que c’est désormais plus clair pour beaucoup de personnes. Moi-même, bien que banquier comme vous l’avez rappelé, j’avais déjà une certaine connaissance de la question. Mais la manière dont le sujet a été abordé aujourd’hui a vraiment permis une meilleure compréhension, même pour le citoyen lambda.

    Justement, que pensez-vous de la dette ?

    En général, on pense que la dette est quelque chose de négatif, voire de néfaste, mais il a été démontré, et cela peut être vérifié, que les grandes nations sont elles aussi endettées, parfois même bien plus que nous. La différence réside dans la gestion de cette dette. Il faut être rigoureux, clair sur les raisons de l’endettement et surtout sur l’usage des fonds. Si l’on s’endette pour le plaisir, ou sans objectif clair, c’est un échec. Mais si l’endettement sert à financer des projets de développement qui contribuent à la croissance du pays, alors c’est bénéfique. Le problème, c’est quand on s’endette sans retour concret. Dans ce cas, ce sont les générations futures qui en paieront le prix. Et si, à leur arrivée, elles ne trouvent rien d’utile ou de structurant, c’est un échec total.

    De plus en plus d’opérateurs économiques se plaignent des lenteurs de paiement de leurs créances. Ont-ils tort ?

    L’autre point fondamental évoqué aujourd’hui concerne la dette envers les entreprises locales. Ces PME, qui emploient une grande partie de la population gabonaise, attendent des paiements qui n’arrivent pas. Et quand ces dettes ne sont pas réglées, ce sont des vies humaines qu’on détruit. Les chefs d’entreprise, à bout, ferment leurs structures, tombent malades, certains font des AVC parce qu’ils n’arrivent plus à payer leurs employés, à nourrir leurs familles, alors qu’ils attendent des paiements de 50, 80, voire 120 millions de francs. Comment voulez-vous qu’ils vivent ? Qu’ils survivent ? Fermer boutique devient une option, mais les conséquences sociales sont graves : c’est la santé, le bien-être et l’équilibre de familles entières qui s’effondrent. Une entreprise qui ferme, c’est peut-être 10 salariés qui perdent leur emploi. Mais derrière ces 10 personnes, il y a 30 ou 40 familles qui dépendent de ce revenu. Cela touche la scolarité des enfants, la santé des femmes enceintes, les loyers, l’alimentation. On entre dans une spirale de précarité.

    Face à une telle situation préjudiciable à la survie des entreprises locales, que doit faire l’Etat ?

    L’État doit accorder à la dette intérieure la même attention qu’à la dette extérieure. Car la dette intérieure, c’est la vie des gens. C’est le climat social. Et si les entreprises locales ne sont pas payées, cela peut dégénérer. Les enfants issus de ces familles démunies peuvent basculer dans la délinquance. Ce n’est pas ce qu’on souhaite, bien sûr, mais les réalités sociales sont là. Et chacun réagit à sa manière face à la misère. Il faudrait aussi que les grandes entreprises assument leur part de responsabilité. Certaines bloquent des paiements aux PME pendant six à huit mois, alors que ces petites structures dépendent d’elles pour survivre. C’est une pression énorme pour ces acteurs économiques.

    En conclusion ?

    En somme, le problème de la dette est immense, et sa gestion doit être plus rigoureuse, plus stratégique. Il faut repenser le tissu économique dans son ensemble pour favoriser un développement durable et inclusif ».

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