Les déclarations du président Brice Clotaire Oligui Nguema, sur la nécessité de faire de la préférence nationale une réalité, résonnent avec les préoccupations des acteurs de la société civile. Si le décret n°0150/PR/MTLCC, du 21 mars 2025, fixant les quotas d’emploi de la main d’œuvre étrangère dans les entreprises, a été salué comme un pas dans la bonne direction, sa mise en œuvre suscite de vives critiques, notamment dans le secteur stratégique du pétrole.
Dans son discours, le 29 août à Tchibanga, dans le cadre de la célébration de la Fête nationale de la libération, le président Oligui Nguema a déclaré : « Dans la Ve République, Gabon d’abord, qui implique la préférence nationale, ne doit pas être un simple slogan mais une réalité que les pays amis doivent comprendre, dans le respect de nos lois et règlements. »

Le ministre du Travail, Patrick Barbera Isaac, a la charge de veiller à la stricte application du décret fixant les quotas d’emploi de la main-d’œuvre étrangère.
Cette affirmation met en lumière la volonté du gouvernement de faire de la préférence nationale une priorité. Le décret, qui fixe des quotas stricts pour l’emploi de la main-d’œuvre étrangère, est en parfaite adéquation avec cette vision. Il est conçu pour garantir que les Gabonais bénéficient, en priorité, des opportunités d’emploi, tout en encadrant le transfert de compétences. Il prévoit des quotas limitant l’embauche des étrangers à 10% pour les cadres, 15% pour les agents de maîtrise et 2% pour le personnel d’exécution.
Le secteur pétrolier, un bastion de la main-d’œuvre étrangère
Cependant, sur le terrain, l’application de ce texte se heurte à des obstacles, notamment dans le secteur pétrolier. Sylvain Mayabi Binet, Secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), exprime son scepticisme. « Ce décret n’a changé aucune réalité dans le secteur pétrolier », affirme-t-il, ajoutant que « rien n’a changé » et que l’emploi abusif de la main-d’œuvre étrangère persiste.

Sylvain Mayabi Binet, Secrétaire général de l’Onep, exprime son scepticisme quant à l’application du décret dans le secteur pétrolier.
Selon lui, la seule conséquence visible du décret serait la création d’un nouveau droit de traitement de dossier de 500 000 francs CFA pour les entreprises. « C’est un décret pour augmenter de l’argent au ministère du Travail », a-t-il déploré, insinuant que l’objectif financier l’a emporté sur le but social.
Un appel à l’action pour le gouvernement
La critique la plus percutante du SG de l’Onep porte sur l’absence de contrôles. Il souligne qu’« aucun contrôle n’est initié pour vérifier le respect de ce texte par les entreprises du secteur pétrolier».

Des installations pétrolières au Gabon, un secteur où la main-d’œuvre étrangère reste prédominante malgré le décret.
Le syndicaliste accueille, néanmoins avec espoir, les propos du président Oligui Nguema. Le chef de l’État a, en effet, précisé qu’il « attend du gouvernement la stricte application des textes en matière de droit de travail en République Gabonaise ». Sylvain Mayabi Binet «se réjouit aujourd’hui que le président de la République demande au gouvernement une application stricte des textes, Tout en espérant que le gouvernement va résolument se mettre au travail afin de faire bouger les lignes ».
La mise en pratique des intentions présidentielles sera la véritable épreuve pour le gouvernement, qui doit transformer le slogan « Gabon d’abord » en une réalité concrète et tangible pour tous les Gabonais. Le défi est de s’assurer que les lois votées ne restent pas lettre morte et que les intérêts nationaux priment sur les pratiques établies.
