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    Gabon : Ali Bongo, le retour de trop ? Quand l’ancien président souffle sur les braises du PDG

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    Depuis son exil médical à Londres, Ali Bongo Ondimba a cru bon de reprendre les rênes du Parti Démocratique Gabonais. Mais loin de rassembler, sa déclaration du 14 juillet 2025 ouvre une ère de chaos et de fractures irréversibles dans une formation politique déjà à bout de souffle.

    Ali Bongo reprend la main… à distance

    C’est depuis la capitale britannique que l’ancien président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a tenté un retour inattendu sur la scène politique nationale. Dans un discours solennel, diffusé le 14 juillet 2025, l’ex-chef d’État a annoncé « reprendre fermement les choses en main » au sein du Parti Démocratique Gabonais (PDG), dont il se revendique toujours président. Il y dénonce un « coup de force interne » ayant permis l’installation d’un « directoire illégal et autoproclamé », qu’il accuse d’avoir été mis en place avec la « complicité du pouvoir actuel ».

    Ali Bongo affirme que ce basculement s’est produit à partir du 7 mars 2024, date à laquelle il dit avoir confié une mission de réorganisation à certains cadres du parti, avant d’être trahi. Il accuse les bénéficiaires de cette délégation d’avoir usurpé son autorité, pointant clairement du doigt une « ingérence inadmissible » du régime de transition dans les affaires internes du PDG.

    Dans la foulée, il annule « tous les actes posés » depuis cette date, sauf les démissions actées, et rétablit la légitimité des instances issues de ses dernières décisions prises entre décembre 2022 et juillet 2023. Il confirme avoir signé, le 14 mai 2025, la nomination de Ali Akbar Onanga Y’Obegue comme Secrétaire général du PDG. Un homme de confiance, selon lui, pour avoir maintenu une ligne d’« opposition constructive » face au nouveau régime.

    Se défendant de toute ambition présidentielle, Ali Bongo rappelle qu’il s’est retiré de la vie électorale depuis septembre 2024, mais conserve la présidence du parti. Il entend ainsi initier une réforme statutaire permettant à un autre profil de porter les couleurs du PDG lors des futures joutes électorales. Pour lui, le PDG entre désormais en opposition frontale face au pouvoir d’Oligui Nguema.

    Un schisme fatal : le PDG au bord de l’implosion

    Mais cette reprise en main, imposée depuis Londres, pourrait bien précipiter le PDG dans une crise existentielle. En désavouant de manière frontale la tendance dirigée par Blaise Louembe – bien plus populaire, mieux organisée, et clairement alignée avec la transition menée par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema – Ali Bongo provoque un cataclysme au sein d’un parti déjà fissuré.

    En donnant les clés du PDG à Ali Akbar Onanga Y’Obegue, considéré comme l’incarnation de la ligne dure et dissidente, il ravive les tensions internes, transforme la division en guerre ouverte, et oppose deux directions antagonistes : l’une fidèle à la transition, l’autre hostile. C’est un tremblement de terre politique, une hécatombe qui ne dit pas son nom. La riposte de Blaise Louembe ne saurait tarder, et l’avenir immédiat du PDG s’annonce jalonné de démissions, d’exclusions et de profondes dissidences. Ali Akbar, réputé intransigeant, ne lâchera rien. Tel que c’est parti, c’est un bras de fer à mort.

    Le PDG, historiquement puissant, n’est plus qu’un champ de ruines idéologiques. Une chose est désormais certaine : ce parti ne fera pas long feu. La mécanique de l’autodestruction est lancée.

    Ali Bongo, un fauteur de troubles aux allures d’ingrat

    Le timing et le contenu de cette déclaration interrogent jusque dans les cercles diplomatiques. En relançant une guerre d’ego au sein du PDG, Ali Bongo compromet les efforts de paix menés par le président angolais João Lourenço, qui avait usé de tout son poids pour négocier sa libération ainsi que celle de sa famille.

    Ce retour maladroit sur la scène politique, loin d’apaiser, jette une ombre sur la stabilité nationale. Il constitue une forme de déstabilisation contre-productive, voire dangereuse. Alors que le Gabon tente de se reconstruire, Ali Bongo, plutôt que de faire profil bas et demander pardon au peuple gabonais qu’il a écrasé durant quatorze longues années, choisit la confrontation.

    Le PDG, patrimoine politique hérité de son père, Omar Bongo Ondimba, aurait pu être le socle d’une reconstruction consensuelle. Au lieu de cela, Ali Bongo souffle sur les braises et confie les rênes à un va-t-en-guerre, Ali Akbar, dont le nom incarne davantage la provocation que la conciliation. C’est un coup de grâce porté à ce qui fut autrefois le plus grand parti du pays.

    Ali Bongo devrait se taire à jamais

    À l’heure où le Gabon peine à refermer les plaies de son histoire récente, cette sortie d’Ali Bongo n’apporte ni clarté, ni apaisement. Elle amplifie les fractures internes d’un PDG déjà moribond et tend dangereusement le climat politique national. Pour beaucoup, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un dernier baroud d’honneur d’un homme que l’Histoire ne retiendra que pour son entêtement.

    Il aurait dû rassembler. Il a choisi de diviser. Il aurait pu reconstruire. Il a préféré détruire. Il aurait pu se taire. Il parle encore. Mais pour combien de temps ?

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