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samedi, 20 décembre 2025
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    Editorial : Qui parle au nom de la République ?

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    Depuis trois semaines, une vague de grippe banale frappe le Gabon et un silence assourdissant du ministère de la Santé. Puis, surgissant non d’une tribune officielle, mais d’une page Facebook personnelle, la bombe : l’annonce par le Dr Wenceslas Yaba, Conseiller spécial du président de la République, chef du Département Santé et Affaires sociales et Coordonnateur national du SAMU social, d’un retour de la COVID, d’un « COVID FRANKENSTEIN ». L’effet fut instantané : psychose, ruée sur les pharmacies, pays en émoi.

    Ce qui devait être un acte de transparence se révèle être une magistrale leçon de ce qu’il ne faut pas faire. Deux scandales éclatent au grand jour. Le premier est institutionnel : pourquoi un conseiller, sans portefeuille ministériel, sans légitimité exécutive, s’érige-t-il en ministre de la Santé bis ? Où était le titulaire du poste ? Cette confusion des rôles et cette porosité alarmante entre la présidence, le gouvernement et des entités parallèles sapent la crédibilité de l’État. Elle pose une question simple : qui gouverne ? Qui parle au nom de la République ?

    Sans le moindre cadre officiel rassurant

    Le second scandale est humain. Après le cauchemar sanitaire des années 2020-2022, marquées par la peur et les restrictions, évoquer ainsi, sans le moindre cadre officiel rassurant, un nouveau variant, c’est jouer avec les nerfs d’une population encore traumatisée. La réaction tardive du ministère, balayant d’un communiqué les déclarations de M. Yaba et « son » Covid Frankenstein, n’a fait qu’entériner son propre manque de réactivité et de leadership préventif.

    Cette séquence est le symptôme d’une maladie profonde : la paralysie de la communication d’État. Lorsque les porte-paroles attitrés se taisent, la parole officieuse, aventurière et anxiogène, s’engouffre dans le vide. Si la communication gouvernementale reste aussi inefficace, des Yaba naîtront de partout, semant la confusion et l’inquiétude. Plus grave : quand la parole du ministre devient inaudible, noyée dans un brouhaha de déclarations concurrentes, c’est l’autorité de l’État tout entier qui s’effrite.

    Du coup, le président de la République, Oligui Nguema a le devoir urgent de recadrer fermement ses collaborateurs et de restaurer une chaîne de parole claire, unique et responsable. Car, comme on le dit prosaïquement, la voix du commandant doit être authentique et unique ; si elle est mal rapportée ou multipliée, les ordres se contredisent, la confiance s’érode et l’autorité se dissout. Le chaos communicationnel d’aujourd’hui préfigure le chaos politique de demain. Il est temps que l’État retrouve sa voix. Une seule. Et qu’elle soit la bonne.

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