Figure majeure de la scène politique gabonaise, Jean De Dieu Moukagni Iwangou, ancien ministre d’État et opposant historique, est décédé à Libreville le 1er novembre 2025, à 65 ans. Ce magistrat, connu pour son intégrité et son éloquence redoutable, avait fait du respect de la loi son combat contre le pouvoir.
Jean De Dieu Moukagni Iwangou s’est éteint à la clinique El Rapha, succombant à une détresse respiratoire. Il était affaibli depuis des mois et luttait contre des séquelles attribuées à un empoisonnement survenu en 2013, épisode qu’il considérait comme une tentative d’élimination politique.
Magistrat hors hiérarchie et ancien directeur général de l’École nationale de la magistrature (ENM), Moukagni Iwangou a symbolisé l’inflexibilité. Il fut radié de la magistrature le 30 juin 2014, officiellement pour incompatibilité entre sa fonction et la présidence de l’Union du peuple gabonais (UPG). Il a dénoncé cette révocation comme un complot, illustrant son refus constant de toute compromission avec le régime en place.
Après le décès de Pierre Mamboundou, fondateur de l’UPG, Moukagni Iwangou a pris la tête de la faction « loyaliste » du parti, maintenant une opposition fondée sur une maîtrise pointue du langage juridique.
Son entrée au gouvernement d’Ali Bongo en 2019, où il occupa un poste de ministre d’État à l’Enseignement supérieur, fut un tournant controversé. Si certains y virent une trahison, lui la justifiait comme une tentative d’action concrète pour introduire des réformes sur la transparence dans l’attribution des bourses et la nomination des recteurs. Il quitta le gouvernement sans avoir renié les principes qui ont guidé sa vie.
Malgré des difficultés financières et la maladie vécues avec une dignité stoïque, Moukagni Iwangou a maintenu l’image d’un intellectuel indocile et d’un homme d’État contrarié. Sa mort marque la fin d’un parcours où la parole et le droit ont été érigés en dernière forme de résistance.





