Alors que bon nombre de Gabonais craignaient – au regard de l’organisation pendant la même période des élections locales et législatives – une cacophonie par rapport au déroulement du calendrier scolaire, le ministre de l’Education nationale a, dans l’entretien ci-après, rassuré toutes les parties de ce secteur vital pour notre pays. Bien avant, elle a maintenu un dialogue permanent avec les partenaires sociaux pour aplanir les potentielles incompréhensions. Du coup, depuis deux ans, les grèves n’ont plus rythmé le fonctionnement de ce département ministériel. Maintenant, l’heure est venue de bâtir un système éducatif de qualité en lui dotant de moyens conséquents. Le développement de notre pays est au bout de cet engagement collectif. Notre jeunesse le mérite.
Gabonclic.info : La rentrée administrative a débuté aujourd’hui, lundi 25 août 2025. Quelles dispositions concrètes avez-vous mises en place pour garantir une préparation sereine et efficace de l’année scolaire 2025-2026 ?
Camélia Ntoutoume Leclercq : Pour cette rentrée scolaire 2025-2026, nous avons organisé une série de réunions stratégiques avec les associations de parents d’élèves, les partenaires sociaux et les chefs d’établissements du Grand Libreville, ainsi qu’avec les directeurs des académies provinciales et des zones académiques. Ces échanges ont permis de valider les préparatifs sur le terrain. Parallèlement, nous avons procédé à l’inauguration de nouveaux établissements, qui seront prochainement mis en service pour accueillir nos élèves. La commande de 40 250 tables-bancs est en cours de réception et sera distribuée dans les semaines à venir. Enfin, les affectations et mutations du personnel enseignant et administratif ont été finalisées, tout comme les orientations et réorientations en 6ème, afin d’assurer une continuité pédagogique dès le premier jour.
Les chefs d’établissement disposent de seulement six jours pour préparer les salles, finaliser les inscriptions et établir les emplois du temps avant le 1er septembre. Pensez-vous qu’il soit réaliste de garantir l’effectivité des cours dès cette date ?
De manière générale, la rentrée sera effective dans la grande majorité des établissements scolaires à travers le pays dès le lundi 1er septembre 2025. Nous comprenons les contraintes de temps pour les chefs d’établissement. Quelques établissements nouvellement mis en service pourraient connaître une rentrée légèrement décalée et progressive, mais nous tenons à rassurer tous les parents d’élèves de l’effectivité de la rentrée scolaire 2025-2026 sur l’ensemble du territoire.
Cette rentrée s’ouvre également dans un contexte d’attente des nominations des chefs d’établissements et d’autres personnels d’encadrement. À quelle échéance ces décisions seront-elles effectives afin d’éviter un vide dans la gestion des établissements ?
Nous tenons à rassurer l’ensemble de la communauté éducative : les nominations des personnels d’encadrement se feront en temps opportun. Des dispositions ont d’ores et déjà été prises pour que des intérimaires assurent la gestion des affaires courantes dans les établissements concernés, en attendant la nomination des titulaires, afin de garantir la continuité du service public de l’éducation.
La menace d’une grève des enseignants, liée notamment à la régularisation des situations administratives, plane toujours. Quelles mesures votre ministère met-il en place pour désamorcer cette crise sectorielle et rassurer le corps enseignant ?
Notre ministère maintient un dialogue permanent avec les partenaires sociaux. Les revendications soulevées sont transversales et nous travaillons en étroite collaboration avec les autres ministères sectoriels concernés. L’objectif est de traiter progressivement ces demandes, en particulier celles liées à la régularisation des situations administratives des agents de l’éducation nationale, et plus globalement, de tous les agents de l’État.
Le calendrier de la rentrée des classes coïncide avec celui des élections législatives et locales prévues en septembre. Comment le gouvernement anticipe-t-il une éventuelle perturbation des activités pédagogiques liées à ces échéances électorales ?
Des mesures ont été prises pour pallier les éventuelles absences d’enseignants qui seraient mobilisés pour les élections législatives et locales. Ces absences constituent la principale source potentielle de perturbations. Cependant, en cas de perturbations majeures, nous aviserons et prendrons les mesures nécessaires pour minimiser leur impact sur le déroulement des cours.
Certains syndicats et parents évoquent la possibilité d’un report de la rentrée des classes au début du mois d’octobre, afin de mieux préparer l’année. Cette option est-elle à l’étude au sein de votre ministère ?
À ce jour, nous n’envisageons aucun report de la rentrée scolaire. Si une telle nécessité venait à se présenter, nous en aviserions, mais nous n’y sommes pas favorables. Il est impératif pour la crédibilité de notre système éducatif que notre calendrier scolaire respecte les 32 semaines de cours exigées par la loi 021/2011 du 14 février 2012 portant orientation générale de l’éducation, de la formation et de la Recherche, ainsi que par les instances internationales compétentes.
Le déficit en enseignants dans les matières scientifiques et les infrastructures dans les zones rurales reste un problème récurrent. Quelles réponses structurelles le gouvernement prévoit-il pour améliorer durablement les conditions d’apprentissage ?
Nous allons poursuivre la construction et l’extension des établissements scolaires. Dans le cadre du Programme d’Investissement dans le Secteur de l’Éducation (PISE), plusieurs complexes scolaires sont en cours de construction et devraient être livrés l’année prochaine, ce qui augmentera de façon exponentielle nos capacités d’accueil. Concernant le déficit en enseignants de sciences, sur un besoin de 900 enseignants, nous avons déjà recruté plus de 700, qui sont progressivement mis en solde. Nous entendons poursuivre nos efforts jusqu’à la résorption totale dudit déficit.
Les violences en milieu scolaire, qu’elles soient physiques, verbales ou psychologiques, constituent une préoccupation majeure. Quelles stratégies le ministère compte-t-il déployer pour éradiquer ce phénomène ?*
La sensibilisation est notre mesure ou arme par excellence pour lutter contre les violences en milieu scolaire. C’est pourquoi nous allons intensifier nos campagnes de sensibilisation sur toutes les formes de violences constatées. En dernier recours, nous appliquerons les sanctions disciplinaires prévues par le droit positif, y compris le recours aux travaux d’intérêt général pour les élèves auteurs de ces actes. De plus, nous allons travailler à généraliser la présence de l’unité de la police scolaire dans l’ensemble des établissements de notre pays, car cette mesure salutaire et efficace n’est expérimentée pour le moment que dans les établissements du grand Libreville.
Mot de la fin
Chers collaborateurs, chers partenaires de l’éducation, chers membres de la communauté éducative.
Je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude pour votre engagement constant et votre dévouement au service de notre jeunesse. Les échanges que nous avons eus aujourd’hui confirment notre vision commune : celle d’une école inclusive, sécurisée et porteuse d’excellence.
Les défis que nous relevons ensemble sont à la hauteur de nos ambitions pour l’avenir de notre pays. Je suis convaincue que par notre action concertée, notre persévérance et notre foi en l’éducation, nous continuerons à bâtir une école qui prépare chaque enfant à réaliser son plein potentiel et à contribuer positivement à notre société.
Infiniment merci de votre attention. Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente rentrée scolaire.
Propos recueillis par Darrelle Mamba
