Dans un post publié sur sa page Facebook, le journaliste, à partir d’une partie de son histoire personnelle bâtie autour de la bienveillance de deux personnalités de renom non issues de sa communauté linguistique, attire l’attention du chef de l’Etat sur l’urgence d’aller en guerre contre le tribalisme, à l’origine du chômage de plusieurs jeunes Gabonais pourtant brillants. Nous publions ici, in extenso, ce plaidoyer.
Le destin de ma famille et le mien ont partie liée avec l’ouverture aux autres. Mon père, un Punu de Mamungi, fils de paysans analphabètes, n’aurait peut-être pas pu terminer ses études primaires sans l’instituteur galoa qui l’avait « recueilli » en classe de CM1. Impressionné par les performances du jeune Henri, le maître était allé jusqu’à le présenter en candidat libre au CEPE (Certificat d’études primaires élémentaires), que l’élève décrocha haut la main après l’épreuve probatoire de dictée. Mon père devint un fonctionnaire colonial le 15 août 1958, après une formation professionnelle, et connut une ascension fulgurante au lendemain de l’indépendance.
Un matin de mai 2002, la route du petit Punu que j’étais croise celle d’un Akélé de Makouké, M. Vincent Mavoungou Bouyou. De là est né un compagnonnage très fructueux, qui permettra au filleul d’amorcer une carrière journalistique défendable (humilité oblige) et de connaître les allées du pouvoir. Une petite anecdote : c’est sur l’intervention de M. Mavoungou Bouyou qui je pris, un après-midi de mai 2003, un avion dont j’étais le seul passager.
En février 2007, alors que je suis en vacances hors du pays, un Boungom (Ndoumou) de Franceville, M. Albert Yangari, fait de moi un chef de service, alors que des collègues sont allés lui raconter que je suis un bon à rien. Mon rendement lui donne satisfaction et je vais de promotion en promotion, au point de devenir son adjoint officieux et confident. Je peux en dire davantage. Ceux qui savent, savent. Quant à moi, j’en ai les larmes.
Est-ce que la vie de mon père et la mienne auraient été celles qu’elles sont si l’instituteur et les deux directeurs du quotidien « L’Union » avaient prêté attention à notre ethnie, au lieu de privilégier notre valeur intrinsèque ?
De nos jours, il y a beaucoup de gens (jeunes et adultes) brillants qui n’arrivent pas à décoller, parce qu’ils ne sont pas des ethnies des décideurs. Je ne suis pas sûr que le pays, qu’il ait financé leur formation ou pas, tire profit d’une telle situation.
Martial Idoundou, Journaliste