Après des préavis ignorés et une colère longtemps contenue, les enseignants ont déclenché, le 15 décembre, une grève générale illimitée sur toute l’étendue du territoire, plongeant le système éducatif dans une zone de fortes turbulences.
Depuis le début du mois de décembre, le secteur de l’éducation est en ébullition. Les enseignants ont multiplié les alertes et placé sur la table du gouvernement une longue liste de revendications : régularisation des situations administratives avec effet solde, paiement des rappels de solde, paiement intégral des vacations liées à la session des examens de 2025, intégration de centaines d’enseignants, amélioration des conditions de travail, entre autres dysfonctionnements structurels qui minent l’école gabonaise. Mais après l’observation réglementaire des huit jours de préavis et face à ce qu’ils qualifient de « silence méprisant du gouvernement », la rupture est désormais consommée.
La semaine dernière déjà, le Complexe Jean Hilaire Aubame Eyeghe de Nzeng Ayong et le Lycée Jean Baptiste Obiang Etoughe de Sibang étaient entrés en grève générale illimitée, donnant le ton d’un mouvement appelé à s’étendre. Ce lundi 15 décembre 2025, la contestation a pris une ampleur nationale. À Libreville, le lycée et le CES Raymond Boukat, le Lycée de Mikolongo et le lycée public Cim Gabon de Ntoum ont suspendu les cours jusqu’à nouvel ordre.
À l’intérieur du pays, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, le mouvement est massif, touchant notamment l’École publique d’Epassendjé, les lycées publics de Makokou, de Booué, d’Ovan et de Mekambo, ainsi que le lycée évangélique Essia Nsomore de Makokou. Dans l’Ogooué-Maritime, le lycée d’État Joseph Ambouroue Avaro de Port-Gentil est touché. Même dynamique dans le Haut-Ogooué avec le lycée technologique de Léconi et le lycée Rigobert Landji de Moanda, ainsi que dans la Ngounié où le lycée public Jean Jacques Boucavel de Mouila a rejoint le mouvement.
L’effet de contagion est massif et d’autres établissements pourraient entrer en grève d’ici la fin de la semaine. Certes, les vacances de Noël et du Nouvel An débutent le samedi 20 décembre, mais la reprise du 5 janvier 2026 s’annonce déjà fortement perturbée. Dans un contexte où le procès Bongo-Valentin du 10 novembre dernier a mis en lumière l’existence de ressources financières colossales, les enseignants, à l’instar de nombreux fonctionnaires, réclament une redistribution plus équitable à travers la régularisation de leurs droits.
Le gouvernement dispose désormais de la trêve des vacances pour engager un dialogue franc et responsable avec les enseignants. Faute de solutions durables, la détermination affichée sur le terrain pourrait durablement paralyser l’école gabonaise.


