Depuis l’annonce de la Taxe forfaitaire d’habitation (TFH), révélée au dernier Conseil des ministres et prévue pour 2026, le débat public s’est transformé en champ de tempêtes. Colère, incompréhension, théories du complot, accusations d’acharnement fiscal : une cacophonie nationale s’est installée, alimentée moins par le fond de la mesure que par une communication gouvernementale défaillante, incapable de prévenir l’onde de choc.
Soyons lucides : le gouvernement n’a pas su préparer l’opinion. Nulle part au monde un nouvel impôt n’est accueilli avec enthousiasme. Il évoque toujours le poids, la peur de l’asphyxie, le sentiment d’être dépouillé. La réaction des Gabonais était donc prévisible, presque mécanique. Le pouvoir, qui doit incarner l’apaisement, aurait dû expliquer, détailler, contextualiser. Or, au lieu de mettre en avant les objectifs et les bénéfices attendus, la communication s’est focalisée sur le prélèvement, aggravé par un système zonal perçu comme injuste.
Cette erreur stratégique a laissé un vide. Et ce vide, les réseaux sociaux l’ont rempli d’inquiétude, d’excès et de « poison ». Trop tard : les plateaux télé, les spots explicatifs n’ont fait que courir derrière un incendie déjà embrasé. Là où il fallait, dès le départ, nommer le problème que la taxe vient résoudre, rappeler la distinction entre impôt, taxe et redevance, et porter une pédagogie patiente, l’exécutif a choisi le silence… puis la précipitation.
L’histoire nous enseigne pourtant les risques d’une telle légèreté. Les « émeutes du pain » en Tunisie, en 1983-1984, déclenchées par la suppression brutale des subventions sur les produits céréaliers, montrent combien une population prise de court peut entrer en ébullition. Notre pays n’est pas préparé à un choc de cette nature. D’où la nécessité impérieuse de restaurer la confiance.
À ce titre, les propos d’Henri Claude Oyima ramènent un souffle d’apaisement : « Le Parlement n’a pas encore tranché… on attendra le moment où il décidera du niveau, de l’approche et des modalités de prélèvement ». Des paroles de sagesse, qui recentrent le débat sur l’essentiel : l’écoute, la mesure, la responsabilité.
Le Parlement porte désormais une mission cruciale : entendre le peuple, réexaminer la TFH avec rigueur, et surtout ramener la sérénité dans l’âme de la Nation. Parce qu’aucune réforme, aussi légitime soit-elle, ne peut prospérer sans l’adhésion de ceux qui en porteront le poids.

