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    Moyen Ogooué : le partage post-électoral allume la mèche communautaire

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    La publication des résultats des dernières élections législatives, locales et sénatoriales dans le département de l’Ogooué et des Lacs a ravivé de vives tensions ethniques. La communauté Galoa dénonce une mainmise de la communauté Fang sur les principaux leviers de pouvoir exécutif local, un déséquilibre qui menace l’unité du chef-lieu, Lambaréné.

    Les récents scrutins ont engendré une véritable levée de boucliers au sein de la communauté Galoa. De Ntchatanga à Pointe Élise, l’insatisfaction est palpable face à la nouvelle configuration du pouvoir local. L’objet principal de la discorde est le fait que la communauté Fang se retrouve à la tête à la fois du Conseil communal de Lambaréné (avec l’élection de Guy Pierre Biteghe comme maire) et de la présidence du Conseil départemental (avec Ateme Benoît).

    Ce cumul des postes exécutifs est perçu par une frange de l’électorat Galoa comme une « spoliation » ou une « conspiration », transformant un débat politique légitime en accusation communautaire. Un doigt accusateur est notamment pointé vers certains cadres, accusés d’avoir orchestré cette nouvelle donne. Cette tension est d’autant plus exacerbée qu’elle s’inscrit dans un contexte démographique délicat (les Galoa représentant environ 3 % de la population contre 47 % pour les Fang dans la zone), le principe de la gestion des équilibres à Lambaréné ayant toujours été une source de friction.

    Les coulisses des négociations et rééquilibrages

    L’analyse des tractations politiques révèle une complexité dans la gestion des équilibres intercommunautaires. D’une part, au sein du Parti démocratique gabonais (PDG), la communauté Galoa, consciente d’un affaiblissement local, avait pourtant mis en place une répartition de postes prenant en compte différentes composantes pour les locales. D’autre part, à l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), les Galoa avaient initialement positionné leurs membres pour une capture quasi-totale des postes municipaux et sénatoriaux.

    Cependant, des arbitrages de dernière minute, potentiellement impulsés par la plus haute hiérarchie politique, ont rebattu les cartes. Ces ajustements ont conduit à l’orientation de Madeleine Revangue (Galoa) vers le sénat, et à la confirmation de Guy Pierre Biteghe (Fang) à la mairie, succédant à une période de sept ans de présence Galoa à la tête de la municipalité.

    Un bilan parlementaire contraste en faveur des Galoa

    Malgré la frustration locale concernant l’exécutif (mairie et conseil départemental), un bilan factuel du poids parlementaire révèle une tout autre réalité. La communauté Galoa détient une position dominante au sein des instances législatives du département, contrôlant à elle seule la majorité des sièges parlementaires.

    Elle compte ainsi trois députés : Madeleine Edmée Rogombé (députée du 1er Arrondissement de Lambaréné), Nadine Ogoula (Députée Ogooué Aval) et Nicole Jeannine Lydie Roboty (députée Lacs du Sud). À cela s’ajoutent deux sénateurs : Madeleine Revangue (sénatrice de la commune de Lambaréné) et Christian Bongo (sénateur du département de l’Ogooué et des Lacs, qui se réclame Galoa). Au total, les Galoa s’arrogent trois députés et deux sénateurs au niveau du département.

    En comparaison, la communauté Fang se retrouve avec une seule représentation parlementaire en la personne de Séraphin Akure Davain (député), compensée par le maire et le président du Conseil départemental. Cette situation n’est pas sans rappeler les divergences graves passées, notamment celles entre feu Georges Rawiri et les cadres Fang, où la gestion des équilibres fut un souci constant.

    L’héritage d’inclusivité

    Des leaders politiques comme Richard Auguste Onouviet avaient par le passé tenté de promouvoir une approche plus inclusive en cooptant des cadres Fang tels que Giles Térence Nzoghe, Théophile Ndzime Ekang ou encore Séraphin Akure Davain. Ces efforts, visant à créer un espace politique plus large, furent néanmoins souvent mal perçus au sein de la communauté Galoa.

    Alors que le département de l’Ogooué et des Lacs entame une nouvelle phase politique avec une recomposition des forces en présence, il est impératif que l’ensemble des acteurs locaux œuvrent à la préservation de l’unité. Lambaréné, traditionnellement décrite comme un « Gabon en miniature », ville cosmopolite et hospitalière sur les bords de l’Ogooué, doit préserver son harmonie, au-delà des querelles post-électorales.

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