La direction générale de l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (ONEF) a convié la presse ce 18 décembre pour un exercice de redevabilité essentiel. Sous l’égide de son Directeur Général, Boubacar Diallo, l’institution a dévoilé un bilan annuel marqué par une stabilisation de l’économie, malgré des défis structurels persistants dans le secteur de la formation.
L’année 2025 restera comme une période de production intense pour l’ONEF, qui a réussi à mener à terme treize des seize études initialement programmées. Ces travaux de monitoring, cruciaux pour l’orientation des politiques publiques, ont été rendus possibles grâce à une synergie de financements provenant de la coopération suisse et luxembourgeoise, du budget national et, de manière significative, des ressources propres de l’institution issues des cotisations des employeurs.
Une embellie réelle sur le front de l’emploi
Le principal enseignement des bulletins trimestriels réside dans l’amélioration globale du climat des affaires. Comparés à l’année 2024, les indicateurs de création d’emplois et de dialogue social affichent une progression nette. Dans les faits, le secteur privé s’impose comme le moteur de cette dynamique avec 21 680 nouveaux emplois générés entre janvier et septembre 2025. L’inclusion n’est pas en reste, puisque 4 827 de ces postes ont bénéficié à des femmes. Cette vitalité s’accompagne d’une baisse spectaculaire des pertes d’emplois, qui ont chuté de près de 49 % au troisième trimestre, confirmant ainsi, selon Boubacar Diallo, une stabilisation progressive de l’économie nationale.
Cette reprise ne s’est pourtant pas faite sans heurts. L’économie malienne a dû naviguer dans une zone de fortes turbulences monétaires durant la première moitié de l’année. Après un premier trimestre marqué par une inflation de 5,5 %, dépassant largement la norme de 3 % fixée par l’UEMOA, la tension est montée d’un cran au deuxième trimestre avec un pic à 6,7 %. Ce n’est qu’au troisième trimestre qu’une accalmie salutaire est intervenue, le taux redescendant à 4,4 %. Ce reflux a immédiatement agi comme un catalyseur pour le secteur privé, qui a enregistré une hausse des embauches de 6,6 %.
Formation professionnelle : le défi de la diversité et de l’offre
Si l’emploi retrouve des couleurs, le système de formation professionnelle, analysé à travers 211 centres agréés, révèle des fragilités préoccupantes. Le rapport souligne une omniprésence du secteur privé qui accueille plus de 80 % des apprenants, laissant le secteur public dans une position marginale. Plus inquiétant, l’offre globale semble s’éroder : la densité nationale est passée de 34 à 28 apprenants pour 100 000 habitants entre 2023 et 2024.
Le paysage de l’apprentissage est également marqué par un fort déséquilibre thématique. Bien que les femmes représentent près des deux tiers des 6 249 apprenants recensés, près de la moitié des effectifs totaux s’agglutine dans les filières de « coupe, couture et stylisme ». Cette concentration s’opère au détriment des métiers techniques et industriels, indispensables au développement structurel du pays.
Face à ce constat, l’ONEF lance un appel à la mobilisation pour briser l’isolement des centres de formation. À l’heure actuelle, moins de la moitié d’entre eux bénéficient de partenariats effectifs avec le monde de l’entreprise. Pour Boubacar Diallo et ses équipes, l’enjeu de 2026 est désormais clairement identifié : il s’agira de consolider l’équilibre entre public et privé, de gommer les disparités régionales et d’investir massivement dans les infrastructures techniques. L’objectif ultime demeure l’adéquation : faire en sorte que la formation réponde aux besoins réels d’une économie malienne en quête de souveraineté et de stabilité.


