Le 24 novembre, dans le cadre de sa visite d’État, le président français, Emmanuel Macron, a été convié par son homologue, Brice Clotaire Oligui Nguema, à une visite guidée des projets d’infrastructures en cours dans la capitale gabonaise. Cette tournée a mis en lumière l’ampleur des travaux initiés par les nouvelles autorités pour matérialiser la volonté de modernisation et de souveraineté économique du pays.
La journée a été entièrement consacrée à l’inspection de chantiers structurants, symboles d’un engagement renouvelé en faveur du développement.
L’ampleur de la transformation urbaine et administrative
La visite a débuté sur la Cité de la Démocratie, un vaste complexe institutionnel de 434 hectares en pleine construction. Ce nouveau chantier fait suite à la destruction de l’ancien complexe par Ali Bongo au début de son règne, en vue d’y ériger un parcours de golf qui n’a finalement jamais vu le jour. Lancé en 2024, ce chantier stratégique, qui regroupera notamment un centre de congrès de 3 000 places, un palais présidentiel et des infrastructures techniques modernisées, affiche un taux d’exécution de 75 % pour une livraison prévue fin 2026. Il est par ailleurs un moteur de l’emploi, mobilisant 2 300 personnes, dont 70 % de main-d’œuvre gabonaise.
Les deux dirigeants se sont ensuite rendus sur le site de la Cité Émeraude. Ce projet, appelé à devenir la vitrine de l’administration gabonaise nouvelle génération, est conçu pour mettre fin à la dispersion de plusieurs services publics. Il prévoit la construction de douze bâtiments de type R+8 et deux tours R+9, un Data Center pour la sécurisation des données, un vaste parking et une centrale électrique, permettant des économies substantielles sur les coûts de location.
La série de visites s’est conclue à la Baie des rois. Développé sur 40 hectares, ce projet emblématique de réaménagement urbain vise à faire du front de mer un nouveau pôle d’attractivité économique et touristique. Le schéma directeur prévoit la construction d’hôtels, de bureaux, de centres commerciaux et d’une marina, dans le cadre de la création d’une Zone d’investissement spéciale (ZIS).
La visite, outil d’affirmation politique et économique
Cette visite guidée des chantiers n’était vraisemblablement pas anodine. Elle a servi à démontrer au Président Macron que l’argent du Gabon doit désormais servir en priorité à construire le pays, s’inscrivant ainsi en rupture avec la gestion précédente.
Déjà lors du point de presse conjoint du 23 novembre, M. Oligui Nguema avait pointé du doigt les détournements sous l’ancien régime, demandant à M. Macron de tout faire pour que les décisions de la justice gabonaise soient appliquées, notamment concernant le rapatriement des fonds détenus dans l’Hexagone.
Il s’agissait de montrer que le Gabon est en train de changer et a, pour cela, besoin de ses ressources et d’un nouveau modèle de partenariat. La France, par exemple, devra s’aligner sur la volonté de voir la transformation locale des matières premières, tel que le manganèse exploité par Eramet. La présentation de ces chantiers a donc eu un double sens : affirmer la souveraineté économique et obtenir l’appui français pour la nouvelle dynamique de gouvernance.


