La pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 décembre a plongé les zones des PK10, 11 et 12 dans le chaos. Entre infrastructures de santé dévastées et familles sans abri, ce nouveau drame met à nu l’échec des politiques d’assainissement et d’urbanisation.
Le scénario, tragiquement répétitif, ne surprend plus mais continue de briser des vies. Des précipitations d’une rare intensité, rythmées par de violents orages, ont transformé les quartiers périphériques de Libreville en zones de désolation. Le bilan matériel est lourd : au-delà des toitures arrachées et des habitations privées effondrées, c’est l’ossature même des services publics qui vacille.
L’un des symboles les plus frappants de cette catastrophe est sans doute le Centre hospitalier de Melen, où les dégâts touchent directement le service de la vie. Michel Arnaud Saphou Damon, Directeur général de l’établissement, déplore avec amertume la perte totale de la maternité et de la salle d’accouchement, précisant que ses équipes sont désormais dans l’incapacité de procéder à des naissances. Cette paralysie sanitaire s’étend au secteur éducatif, puisque l’École nationale des arts et manufactures (ENAM) ainsi que le complexe scolaire de Melen ont également subi la fureur des eaux, compromettant l’avenir immédiat de centaines d’élèves.
Si la violence des éléments est indiscutable, l’origine du désastre réside dans une équation complexe où se mêlent urbanisme sauvage et déficit d’infrastructures. La construction dans des zones marécageuses ou à risques reste le point noir du développement de la capitale. Ici, la responsabilité est commune : si les populations doivent impérativement prendre conscience des dangers liés au choix des sites et à la précarité des matériaux, le civisme citoyen restera vain sans une interdiction stricte et rigoureusement appliquée de bâtir en zones inondables par les autorités.
Pour que Libreville cesse de s’écrouler à chaque saison des pluies, le simple constat ne suffit plus. L’urgence impose aujourd’hui une modernisation radicale des réseaux d’évacuation d’eau couplée à un plan d’accompagnement des pouvoirs publics pour la sécurisation des lieux d’habitation. Sans une politique d’assainissement d’envergure, la capitale restera à la merci du ciel, condamnant ses habitants à revivre, année après année, une tragédie pourtant évitable.


