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    Gabon, témoignage : l’Adjudant-chef Hugues Otha Ololikamba, une autre victime de la famille Ali Bongo

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    En s’attaquant au pouvoir actuel, auquel les Gabonais doivent leur sortie de plusieurs années d’obscurantisme, pendant lesquelles l’injustice et le mépris étaient érigés en mode de gouvernance, Ali Bongo, son épouse et leur rejeton Nourredin ont assurément ouvert la boîte de pandore depuis leur exil européen. Eux qui, des années durant ont usé de l’arbitraire pour clouer au pilori tous ceux qui osaient penser différemment, dénoncent aujourd’hui les travers d’un système judiciaire qu’ils ont mis en place et allègrement entretenu pendant plus d’une décennie. « L’arroseur arrosé », dirait-on. Après Grégory Laccruche Alihanga, c’est au tour de l’adjudant-chef Otha, un ancien militaire de la Garde républicaine, de révéler le calvaire que lui ont fait subir Ali Bongo et son épouse. Son péché : avoir été l’aide de camp de Ntoutoume Emane, passé dans l’opposition en octobre 2015, et avoir une sœur engagée en politique aux côtés de Jean Ping. Rien que cela ! Un témoignage poignant qui lève le voile, une fois de plus, sur les violences multiformes auxquelles ont été soumis nombre de Gabonais pendant les 14 ans de règne d’Ali Bongo. Ci-dessous la narration complète d’une péripétie effroyable.

    « Au moment où le vent de la liberté d’expression et du respect des libertés individuelles et collectives souffle à travers notre  pays, le Gabon, depuis l’avènement salutaire à la tête de la magistrature suprême de son Excellence, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, j’ai décidé en mon âme et conscience, de briser la glace du silence afin d’associer ma voix à celles de tous ceux qui ont payé le prix fort de la gestion agressive, démentielle, hasardeuse et chaotique du règne de monsieur Ali Bongo Ondimba, appuyé par ses thuriféraires et exécutants en tête desquels son épouse madame Sylvia Bongo et leur rejeton Nouredin Bongo Valentin, 14 années durant

    Qui suis-je?

    Je suis Adjudant-chef à la retraite Hugues Otha Ololikamba, engagé à la garde présidentielle depuis le 1er septembre 1991, où j’ai servi d’abord au groupement blindé d’intervention dirigé à l’époque par le capitaine Grégoire Kouna.

    Après avoir passé avec brio le concours des services spéciaux, à l’issue duquel je suis sorti premier au grade de caporal-chef parmi les six candidats retenus sur 60 participants, j’ai intégré la Direction générale des services spéciaux de la présidence de la République en 1998.

    Je rappelle que ce concours était placé sous la direction du commandant Bernard ragou, directeur général adjoint des services spéciaux, la Direction générale des services spéciaux étant dirigée par le général d’Armée Fernand Nere Odja, cumulativement avec ses fonctions de directeur généralde la sécurité rapprochée de feu le Président Omar Bongo Ondimba.

    En janvier 1999, monsieur Jean François Ntoutoume Emane est nommé Premier ministre. Il sollicite alors du Président Omar Bongo Ondimba mon détachement à ses côtés.

    Son souhait ayant été exaucé, j’ai donc assumé les fonctions d’aide de camp puis de chef de service de liaison et chef de service du protocole, y compris lorsque Ntoutoume Emane a été élu Maire de Libreville, soit plus d’une dizaine d’années, avant de regagner la Garde Présidentielle devenue plus tard Garde Républicaine.

    En 2017 ma vie a basculé

    La réélection du candidat Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême, en 2016, s’est faite dans la douleur et a entrainé beaucoup de remous sociaux et de contradictions dans le pays. De nombreux collaborateurs du candidat Jean Ping ont été traqués et persécutés. Ma sœur cadette étant une fidèle collaboratrice de monsieur Ping, n’a pas été épargnée. Et de là, à voir les répercutions étendre leurs tentacules jusqu’au palais, il n’y avait qu’un pas.

    Le 12 septembre 2017, Alors que je servais la République avec abnégation et loyauté durant plus de 26 ans, c’était à la grande surprise de tous que, ce matin-là, toute ma vie professionnelle et même sociale a basculé.

    Comme à l’accoutumée, je me suis levé, me suis apprêté et me suis dirigé vers un frère et voisin du quartier afin qu’il me dépose à l’entrée de la Garde Républicaine pour mon service, puisque ma voiture était en révision chez un mécanicien de la place.

    Malheureusement, au moment où je me trouvais au cabinet de l’ancien Commandant en chef de la Garde Républicaine, le général Grégoire Kouna, j’ai été interpellé, puis incarcéré au motif que je donnais des informations à l’opposition gabonaise, sans qu’on ne me brandisse la moindre preuve de ces allégations. J’ai été gardé dans les geôles de la Garde Républicaine du 12 septembre au 11 novembre 2017. Trois mois de rudes épreuves, trois mois de pénitence, trois mois de privation de liberté sans le moindre contact avec ma famille. Tout cela pour rien.

    Et, cerise sur gâteau, après un conseil de discipline monté de toutes pièces, j’ai été radié des effectifs de la Garde Républicaine par un arrêté signé par le ministre de la Défense nationale de l’époque Monsieur Etienne Massard Kabinda, pour « comportement en service ou en privé portant gravement atteinte à l’honneur de la Garde Républicaine ».

    Ni les responsables de la Garde Républicaine et moins encore monsieur le ministre de la Défense nationale n’a daigné me brandir la moindre preuve de ma culpabilité.

    Cet arrêté du ministre de la Défense, du 28 décembre 2017, me mettait automatiquement à la retraite à jouissance différée et sans perte de mes droits.

    Malgré tout cela et comme si cela ne suffisait pas, face à leur soif inassouvie, mes bourreaux ont redoublé d’agressivité. Le 19 février 2020, au moment où je croupissais sous le poids de la peine qui m’était injustement infligée, je reçois un appel de la Direction des affaires financières me demandant de me présenter pour les formalités administratives en rapport avec ma retraite qui ne devrait intervenir qu’en 2024.

    Croyant enfin percevoir une lueur d’espoir, j’ai vite déchanté, car c’était sans compter sans les appétits inextinguibles de mes détracteurs de me voir complètement laminé et peut-être, pourquoi pas, quitter ce monde ?

    Arrivé au service administratif et financier, j’ai été à nouveau incarcéré le 19 février 2020 par des agents des services spéciaux et transféré à la DGR, au motif que j’avais diffamé la première dame Sylvia Bongo Ondimba. Ici, j’ai était détenu pendant deux semaines, avant d’être libéré le 04 mars de 2020.

    Les conséquences

    Depuis neuf ans, père d’une famille nombreuse, je traverse des moments extrêmement difficiles aussi bien sur le plan financier que sur le plan matériel à tel point que je ne parviens même plus à scolariser mes enfants et à assumer valablement mes fonctions de chef de famille. Où est donc ma raison de vivre ?

    Toute cette clochardisation programmée a eu pour conséquences fâcheuses, la dislocation de ma famille. Mon épouse m’a quitté, mes enfants vivent çà et là et moi-même je vivote.

    Ma démarche administrative et juridique

    Cette situation ne peut demeurer sans suite et les auteurs impunis, loin s’en faut. Grâce à la restauration des valeurs républicaines et à l’avènement d’une justice impartiale, je me réserve le droit d’ester en justice afin que mes tortionnaires puissent répondre de leurs actes. Le droit doit être dit et la justice rendue. »

    Encart gabonclic.info

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