Face à des mois de revendications non satisfaites, les deux principaux syndicats d’enseignants, le Syndicat national de l’Éducation nationale (SENA) et le Syndicat national de l’Enseignement technique et professionnel (SYNETECPRO), ont déclaré le 9 décembre à Libreville une grève générale de trois jours, du 10 au 12 décembre. Cette décision radicale, qui fait suite à l’inaction persistante des autorités, plonge des milliers d’élèves dans l’incertitude et révèle le malaise profond d’un système éducatif à bout de souffle.
Magloire Memiaghe, secrétaire général par intérim du SENA, dénonce avec amertume « la persistance des manquements du gouvernement en ce qui concerne les violations répétées liées aux situations administratives et financières ». Le ton est sans appel. « Malgré les nombreuses démarches entreprises, notamment les tentatives de concertation, les correspondances adressées aux autorités restées sans suite, ainsi que des préavis de grève dûment déposés, aucune mesure concrète n’a été adoptée pour répondre aux préoccupations légitimes des personnels », déplore-t-il.
Situations administratives bloquées, vacations impayées, pouvoir d’achat en chute libre…, la liste des griefs est longue. Ghislain Nguema Mve, secrétaire général du SYNETECPRO, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer le manque de considération pour les enseignants. « Nous avons tous suivi le procès [Bongo-Valentin], mais c’est l’enseignant qui doit toujours continuer d’attendre les situations administratives avec effet solde bloqué », a martelé le syndicaliste.
Face aux retards de paiement chroniques, il a rappelé les sommes dues. « Pas de paiement des vacations des examens 2025, sans oublier les vacations du concours national du meilleur élève qui restent toujours impayées », a-t-il poursuivi. Il a conclu par une dénonciation cinglante de la nouvelle politique fiscale. « Comme cela ne suffisait pas, le gouvernement vient encore nous plomber dans la précarité avec une nouvelle taxe sur l’habitat, d’autant plus que presque la totalité des 30 000 agents du secteur éducation sont locataires », a-t-il affirmé.
Le spectre de la paralysie durable
La suspension des cours, décrétée à l’échelle nationale, s’annonce comme un coup dur pour le système éducatif gabonais. Cette grève générale, portée par deux des plus grosses structures syndicales, aggrave une situation déjà critique marquée par plusieurs alertes.
Elle fait suite à la suspension des cours décrétée jusqu’à nouvel ordre au complexe Jean Hilaire Aubame Eyeghe de Nzeng-Ayong le lundi 8 décembre, à la grève de trois jours initiée au lycée Joseph Ambouroue Avaro à Port-Gentil, et au dépôt d’un préavis par le mouvement SOS-Éducation. « Cela traduit un profond malaise dans le secteur éducation et nécessite que les autorités compétentes s’y penchent afin de ne pas voir la paralysie se durcir », souligne un observateur.
Alors que les enseignants réclament des conditions de travail dignes et le paiement intégral de leurs émoluments, la balle est désormais dans le camp du gouvernement. La question est simple : jusqu’où ira la mobilisation ? Et surtout, quelles solutions concrètes seront apportées pour éviter une crise durable dans un secteur déjà fragilisé ?


