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    Éducation nationale : La fin de l’hégémonie syndicale ?

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    Quand la contestation se structure hors des circuits traditionnels, c’est toute l’architecture du dialogue social qui vacille. Entre l’émergence de collectifs informels et le déclin des syndicats historiques, le bras de fer dans le secteur éducatif gabonais prend une tournure inédite.

    Depuis le début du mois de décembre, le secteur de l’Éducation nationale est plongé dans une agitation sans précédent. Après une succession de préavis de grève restés sans réponse satisfaisante, de nombreux établissements ont basculé dans des « grèves illimitées ». Du complexe Jean Hilaire Aubame Eyeghe de Nzeng Ayong au lycée Jean Obiang Etoughe de Sibang, pionniers du mouvement, la paralysie s’est étendue comme un château de cartes à l’ensemble du territoire national dès le 15 décembre.

    La singularité de cette vague de contestation réside moins dans ses revendications que dans sa forme. Contrairement aux usages établis, ce ne sont plus les syndicats légalement reconnus qui impulsent le mouvement, mais des collectifs d’enseignants constitués au cœur même des établissements. Ces groupes suspendent unilatéralement les cours, sans aval ni mot d’ordre des organisations traditionnelles, longtemps considérées comme les seuls chefs d’orchestre des mouvements d’humeur. Une rupture qui interroge frontalement l’autorité et l’influence des partenaires sociaux historiques.

    Des interlocuteurs officiels hors-jeu

    Jusqu’à l’année scolaire précédente, le tempo était donné par le Syndicat de l’Éducation nationale (Sena), la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed), le Syndicat national de l’enseignement technique et professionnel (Synetecpro) ou encore la Fédération syndicale des enseignants de l’éducation nationale (Feseena), seuls interlocuteurs reconnus par la tutelle. Or, depuis le 8 décembre, les enseignants agissent en collectifs informels, sans base légale ni reconnaissance institutionnelle, défiant de facto l’ordre syndical établi.

    Dans ce contexte émerge le collectif SOS Éducation. Cette structure informelle, sans leader ni bureau directeur officiellement identifié, accuse les syndicats classiques de « connivence » avec la tutelle et de défense d’intérêts corporatistes au détriment de la base. Vrai ou faux, le constat est sans appel : en un temps record, ce collectif a réussi à fédérer et à déclencher une grève de masse là où les syndicats peinent désormais à mobiliser.

    Une crise de représentativité

    La démonstration la plus éloquente de cet affaiblissement reste l’échec de l’appel à la grève lancé du 10 au 12 décembre par le Synetecpro et le Sena pour exiger le paiement des vacations. Un « flop » retentissant, révélateur d’une influence syndicale en net recul.

    Dès lors, une question centrale s’impose : les syndicats disposent-ils encore d’un socle réel d’adhérents ? La prolifération de décisions signées au nom de collectifs suggère une crise profonde de légitimité. À cela s’ajoutent des critiques internes sur la gouvernance, notamment la longévité de certaines figures et l’absence de renouvellement générationnel, à l’instar du Sena, toujours dirigé par un intérim depuis le départ de son leader pour le Sénat de la Transition.

    Aujourd’hui, le secteur éducatif est en ébullition, pris en étau entre l’efficacité redoutable de collectifs sans tête et des syndicats en quête de second souffle. Cette configuration complique dangereusement le dialogue avec le gouvernement. D’ailleurs, les récentes rencontres entre le Dr Simplice Désiré Mamboula, ministre de l’Éducation nationale par intérim, et les leaders syndicaux n’ont pas permis de désamorcer la crise. À défaut de solutions rapides et crédibles, la reprise des cours prévue le 5 janvier 2026 s’annonce plus qu’incertaine.

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