Au lendemain des élections législatives et locales, le naufrage du Parti démocratique gabonais (PDG) est consommé. Pourtant, le véritable défi pour la nation ne réside pas dans cette chute historique, mais dans la hâte suspecte avec laquelle ses anciens cadres se sont reconvertis en « Bâtisseurs ». Louis Gaston Aubame, juriste pétrolier et observateur de la vie politique, décrypte cette amnésie sélective et met en garde la nouvelle majorité contre les pièges de l’opportunisme, car on ne bâtit pas une République neuve avec les réflexes d’un vieux régime.
Au lendemain des élections législatives et locales de 2025 : naufrage du PDG et déshonneur des « PDGistes » reconvertis en « Bâtisseurs ».
Cette année 2025 restera comme une année de vérité politique : le Parti démocratique gabonais (PDG), jadis indéboulonnable, a sombré dans un naufrage historique, laissant flotter à la surface quelques vestiges d’un pouvoir usé, divisé, vidé de sa substance.
Mais le plus ironique, c’est que parmi les survivants de ce naufrage, nombreux sont ceux qui, au lieu de tirer les leçons de leur échec, ont préféré enfiler à la hâte le manteau des « Bâtisseurs ». Changement de logo, changement de discours… mais rarement changement de mentalité.
Le Peuple Gabonais n’est pas dupe.
Il a vu ces reconversions spectaculaires, ces ralliements précipités, ces « renaissances politiques » fabriquées dans les couloirs du pouvoir et les salons de l’opportunisme.
Hier encore, certains brandissaient fièrement la carte du PDG, jurant fidélité éternelle à ses valeurs.
Aujourd’hui, les mêmes se réclament de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), promettant la rupture et la refondation, sans jamais avoir fait leur propre autocritique.
Ce mimétisme politique, cette amnésie sélective et cette soif de survie personnelle sont les véritables ennemis du changement. On ne bâtit pas une République neuve avec les réflexes d’un vieux régime.
Soyons clairs : le PDG ne s’est pas effondré parce qu’il a été vaincu ; il s’est effondré parce qu’il s’est trahi lui-même. À force de confondre loyauté et soumission, fidélité et immobilisme, il a fini par tourner le dos à la société réelle. Ses cadres les plus lucides l’ont déserté, les plus cyniques l’ont trahi, et les plus sincères ont été muselés. Le résultat est là : une débâcle politique et morale.
La Conversion opportuniste : le pouvoir, un refuge
Mais que dire de ces « PDGistes » recyclés en « Bâtisseurs » ? Faut-il les accuser d’infidélité ou les plaindre d’incohérence ? Dans les deux cas, leur conversion opportuniste trahit une vérité plus profonde : le pouvoir, au Gabon, n’est pas encore un idéal, c’est un refuge.
L’UDB, forte de sa large victoire, doit comprendre qu’elle n’a pas seulement hérité du pouvoir : elle hérite aussi des démons de ceux qui la rejoignent sans conviction. Et c’est là que tout se joue. Savoir trier entre les vrais « Bâtisseurs » et les simples réfugiés politiques. Savoir distinguer ceux qui viennent pour servir la République de ceux qui viennent pour se servir d’elle.
Car une majorité sans intégrité n’est qu’une illusion de stabilité. Et une refondation sans éthique n’est qu’une continuité déguisée.
L’Impératif d’une victoire éthique
Le Peuple, dans sa sagesse, a voulu donner une chance au renouveau. Mais il ne pardonnera pas un recyclage déguisé en révolution. Le Gabon d’aujourd’hui n’attend plus des discours ; il attend une rupture réelle dans les comportements, la gouvernance et la morale publique.
Ce n’est pas un parti qu’il faut reconstruire, c’est une conscience collective. Ce n’est pas une victoire électorale qu’il faut célébrer, c’est une victoire éthique qu’il faut mériter.
Le PDG s’est effondré par excès de certitude. L’UDB pourrait tomber demain par excès de confiance si elle se laisse envahir par les mêmes réflexes, les mêmes visages, les mêmes silences. Le véritable changement n’est pas dans les sigles, mais dans les âmes.
Louis Gaston Aubame, Juriste pétrolier, Centriste républicain et observateur de la vie politique