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    Crise à l’UPF : l’annulation des 51e Assises au Gabon déchirée par une discorde financière de 150 000 euros

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    La 51e édition des Assises internationales de la Presse francophone, initialement prévue à Libreville, a été officiellement annulée. Si le Bureau international (BI) de l’Union de la presse francophone (UPF) a d’abord justifié son retrait par l’incompatibilité du cadre légal gabonais sur l’utilisation des subventions publiques, la section gabonaise a riposté avec une violence inédite, accusant le BI de « travestir les raisons réelles » du retrait.

    Dans une correspondance datée du 11 décembre, intitulée « devoir de vérité », le Président de l’UPF-section Gabon, Désiré Ename, a pointé du doigt le cœur du différend : une exigence de transfert de fonds jugée illégale par l’État gabonais. L’UPF Gabon affirme que le BI a fait du versement d’une somme de 150 000 euros sa condition sine qua non pour la tenue des Assises. 

    Ce montant, destiné à couvrir les « charges inhérentes à la préparation, à la coordination et au suivi administratif, financier et logistique » de l’UPF internationale, aurait été inséré unilatéralement par le BI dans l’Article 4 du projet de Convention envoyé le 17 novembre. La version modifiée par le BI précisait que le montant était « payable (…) dans les dix jours à compter de la date de la signature de la présente convention » sur un compte bancaire de l’UPF internationale en France.

    Violation de la souveraineté : les lois gabonaises face aux statuts de l’UPF

    Pour le gouvernement gabonais et sa section locale, cette exigence est inacceptable car elle contrevient « au droit gabonais » et aux règles de « comptabilité publique ». Selon Désiré Ename, président de l’UPF Gabon, accepter cette demande aurait exposé les autorités gabonaises à une « violation flagrante de la loi » et à des risques disciplinaires et pénaux, portant atteinte à la souveraineté budgétaire du pays. 

    Le Gabon, tout en s’engageant à couvrir la logistique, l’hébergement et les transports locaux, proposait un cadre financier légal et transparent. L’argument de l’UPF Gabon est sans appel. « Le seul obstacle était l’exigence du BI de recevoir des fonds publics à l’étranger, en violation du droit gabonais (…) Les lois de la République gabonaise priment sur les statuts de l’UPF, et non l’inverse », affirme son président.

    Accusations de mauvaise foi et de manipulation

    La section gabonaise accuse également le Bureau international de mauvaise foi diplomatique et de manipulation. Premièrement, la section Gabon de l’UPF dément catégoriquement que le BI ait transmis une proposition formelle de convention, affirmant que le seul document reçu était la convention du Cameroun, envoyée par WhatsApp, avec la suggestion de la « recopier ». Deuxièmement, elle dénonce l’« exploitation opportuniste des relations gabono-marocaines » par le BI pour chercher des fonds auprès de l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), après que le sponsor historique ait rompu avec le BI suite à l’épisode de Benguerir. 

    Enfin, le rappel par le BI de l’absence de règlement des cotisations de la section gabonaise est perçu comme un geste de « secte dirigée par un gourou dictant sa conduite », et non comme le fonctionnement d’une organisation basée sur l’indépendance de la presse. Le président de l’UPF- Gabon insiste sur le fait que le pays avait déjà « débloqué son budget, mobilisé les infrastructures, facilité les visas, réservé les hôtels » et que « Tout était prêt. Le seul point de blocage venait d’une exigence financière impossible à satisfaire »

    Le Bureau international, en refusant d’adapter ses pratiques à la législation gabonaise, « a pris la responsabilité exclusive de l’annulation des Assises ». L’événement qui se tiendra à Libreville aura lieu comme prévu sous la forme d’une initiative nationale, sans aucun lien avec l’UPF internationale, comme l’avait initialement rappelé le BI dans sa note d’annulation.

    Le poids de la souveraineté face aux pratiques du BI

    L’argumentaire de l’UPF Gabon, étayé par des détails de correspondances, déplace la controverse d’une simple incompatibilité administrative vers une question de souveraineté nationale et de gestion des fonds publics. L’exigence par le Bureau international du versement de 150 000 euros sur un compte à l’étranger – une pratique qui aurait pu être monnaie courante lors d’éditions précédentes – se heurte de plein fouet au principe de la comptabilité publique gabonaise, qui exige une traçabilité et une justification légale des dépenses d’État.

    Le refus du Gabon n’est pas un refus d’organiser l’événement, mais un refus de violer ses propres lois. Dans ce contexte, la posture du Bureau international est doublement critiquable. D’une part, il a fait preuve d’une apparente inflexibilité, refusant de proposer ou d’accepter une alternative légale permettant aux fonds d’être gérés in situ ou de manière transparente, ce qui accrédite la thèse d’une exigence financière au détriment de l’événement lui-même.

    D’autre part, en brandissant l’argument des Assises internationales pour légitimer une exigence financière contraire au droit national, le BI a pris le risque de rompre avec un État hôte qui avait mobilisé toutes ses ressources, lui faisant endosser la responsabilité exclusive de l’échec.

    L’événement de Libreville, désormais national, continuera d’une certaine manière, mais l’UPF internationale sort de cet épisode non seulement sans ses Assises, mais aussi profondément ébranlée par des accusations de mauvaise foi et de mépris des lois d’un État souverain.

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