Le Congo est sous le choc après la révélation d’un drame d’une rare violence : une jeune mère a assassiné ses trois enfants, affirmant avoir agi sur la foi d’un « ordre divin » transmis par son pasteur. L’affaire, qui suscite indignation et débat sur l’emprise spirituelle, a été officiellement présentée par le procureur de la République de Brazzaville lors d’une reconstitution publique largement relayée. Les autorités ont interpellé le pasteur, considéré comme l’instigateur présumé du triple infanticide.
Selon les premiers éléments de l’enquête exposés par le procureur, la mère, identifiée comme Darelle Ngambomi Angonga Michina, aurait agi sous l’influence directe et l’ascendance spirituelle d’un pasteur, Platini Makabi Moukoumbi. Ce dernier lui aurait annoncé une « révélation » exigeant la mort de ses enfants, la manipulant psychologiquement pour lui faire croire que cet acte était nécessaire à sa propre « délivrance ».
Le procureur a détaillé le déroulé des faits, soulignant le rôle central du pasteur dans la manipulation et la préparation mentale de la suspecte.
Les autorités ont confirmé l’interpellation du pasteur, désormais considéré comme l’instigateur potentiel du triple homicide. L’enquête devra déterminer la nature précise de son influence, les méthodes utilisées et son degré d’implication. Le parquet a annoncé l’ouverture d’une procédure pour meurtres aggravés, ainsi que pour incitation ou complicité de crime, conformément aux dispositions du Code pénal congolais.
Le procureur a rappelé que la loi réprime sévèrement l’incitation au crime, notamment lorsque l’influence s’exerce par abus d’autorité, de faiblesse ou de manipulation religieuse.
Une affaire qui relance la question des dérives religieuses
Au-delà du drame familial, cette affaire met en lumière un phénomène inquiétant : la multiplication de pratiques religieuses extrêmes où des pasteurs autoproclamés exercent une emprise psychologique sur des fidèles souvent vulnérables. Dans plusieurs quartiers du pays, les autorités observent depuis plusieurs années une montée des groupes religieux non encadrés, dont certains utilisent la peur, la prophétie ou la prétendue libération spirituelle pour obtenir une obéissance totale.
Pour de nombreux observateurs, ce drame constitue un signal d’alarme et renforce la nécessité d’un meilleur contrôle des lieux de culte et d’une politique publique de prévention des dérives sectaires.
Une population sous état de choc
L’annonce du procureur a suscité une vague d’émotion à Brazzaville et dans tout le pays. De nombreux citoyens ont exprimé leur effroi devant les circonstances du triple infanticide, tandis que les associations de défense des droits des enfants appellent à un encadrement plus strict des structures religieuses informelles.
Au CHU comme dans les quartiers concernés, les familles peinent encore à comprendre comment une mère a pu être poussée à commettre l’irréparable.
La mère est placée en détention et sera soumise à une expertise psychologique afin d’évaluer son degré de responsabilité et l’emprise qu’aurait exercée le pasteur. L’instruction se poursuit pour déterminer l’ensemble des responsabilités, les circonstances exactes des faits et les motivations de l’instigateur présumé.
Le procureur de la République a assuré que toute la lumière sera faite et que nul ne sera au-dessus de la loi, quel que soit son statut religieux.






