Visite surprise, ton ferme et mots sans détour. Ce lundi 15 décembre 2025, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a effectué une visite inopinée au ministère de la Fonction publique et a immédiatement tapé du poing sur la table. Accompagné de François Ndong Obiang, ministre de la Réforme et des relations avec les institutions, le chef de l’État a fait le tour du propriétaire. Très vite, le constat s’est révélé amer : l’administration est jugée à bout de souffle, gangrenée par l’absentéisme, les lenteurs et un retard numérique criant.
Face à l’ampleur de l’absentéisme et de l’inefficacité, le chef de l’État a livré un coup de semonce acerbe. Il a immédiatement exigé des sanctions et le renouvellement des effectifs. « Il faut trouver ceux qui ne viennent pas au travail. Vous faites des rapports au secrétaire général et je veux des licenciements », a-t-il martelé.
Pour le président, cette rigueur est une question de justice sociale. Il a ensuite souligné que l’administration ne pouvait plus rester inactive alors que de nombreux jeunes diplômés sont en attente. « Il y a des Gabonais sortis des universités qui sont prêts à travailler et qui ont les mêmes diplômes que vous. Donc donnez à ces Gabonais la chance », a-t-il affirmé, liant directement la purge des fonctionnaires fantômes à l’insertion professionnelle de la jeunesse.
Assumant sans réserve sa position de fermeté, le chef de l’État a directement interpellé les responsables de l’administration. Il a exigé que des sanctions immédiates soient prises contre ceux qui ont érigé l’absentéisme en règle. « Si vous êtes incapable de sanctionner, donnez-moi la liste des absents. Vous avez peut-être peur, mais moi je m’assume. On ne peut plus continuer comme ça », a-t-il lancé, déplaçant la responsabilité vers le sommet de l’État en cas de défaillance des cadres.
Pour illustrer son engagement à la rupture, il a conclu sur une note sans appel concernant la productivité. « S’il n’y a que 60 sur 100 qui travaillent, eh bien on gardera ces 60. Le pays a besoin d’avancer », a-t-il ajouté, signifiant que l’administration sera désormais réduite à son personnel le plus efficace.
Oligui Nguema a également mis le doigt sur l’archaïsme sidérant de l’appareil administratif, en pleine ère numérique. Loin des serveurs et des bases de données modernes, il a découvert un spectacle qui en dit long : des dossiers entassés dans des cartons, des résultats de concours à même le sol, exposés à l’humidité et au désordre. Une situation qu’il a jugée inadmissible, soulignant que ce dysfonctionnement représente un danger immédiat pour la transparence et l’efficacité que l’on attend d’un État moderne.
Au-delà de cette visite, le constat dressé par le président reflète une réalité devenue presque un fait social : absentéisme massif, retards chroniques, bureaux clairsemés où trouver plus de 40 % des effectifs relève du miracle. Si les agents invoquent transports difficiles ou embouteillages, ce sont surtout les usagers qui en paient le prix, avec des dossiers bloqués et des urgences non traitées. La situation des archives, entassées à même le sol et exposées à l’humidité, illustre l’urgence de moderniser et sécuriser l’administration.
Alors que les fonctionnaires réclament la régularisation de leurs situations administratives, le coup de gueule présidentiel sonne comme un rappel à l’ordre et une prise de conscience collective. Le service public ne peut plus s’accommoder de l’absentéisme et de l’archaïsme. Pour un État efficace, le message est clair : rigueur, responsabilité et digitalisation rapide de l’administration gabonaise.


