Gabon/Engagement Décennal : S’agit-il d’un contrat de dupes ou une escroquerie administrative ?

Par Brandy MAMBOUNDOU / 04 juil 2024 / 0 commentaire(s)

 

L’obligation faite à l’élève boursier de rembourser les frais liés à sa formation en se mettant au service de l’Etat pendant dix ans, peut parfois s’avérer être un piège pour le jeune Gabonais, dès lors que l’Etat ne le soutient qu’à mi-parcours et l’abandonne finalement à son triste sort.

Eberlués, les parents d’élèves ont appris au JT de 20 h de Gabon 1ère du jeudi 27 juin 2024 que l’engagement décennal est désormais payant. C’est la secrétaire générale du gouvernorat de l’Estuaire, Nadège Foudou épouse Vouma, qui l’a annoncé au nom de la gouverneure Marie Françoise Dikoumba. Elle a tenté, maladroitement, de minimiser l’affaire en parlant d’une « modique somme de dix mille francs que les étudiants doivent amener », alors que ce n’est d’autre qu’un autre coup de massue pour les parents. 

Ainsi en ont décidé le ministère de l’Intérieur et l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG), qui entendent, semble-t-il, faire respecter ce contrat qui lie l’Etat gabonais à l’élève boursier de l’Etat. Et pour ceux qui ne le savent pas, l’engagement décennal est un contrat par lequel l’Etat oblige tout jeune gabonais, ayant terminé sa formation, à rembourser les frais liés à sa formation en se mettant à la disposition de l’administration publique. Et ce sont les nouveaux bacheliers boursiers, qui ont l’obligation de le signer. Il s’agit aussi pour le Gabon de lutter contre la fuite des cerveaux et avoir à disposition des ressources humaines de qualité.

Seulement, de nombreux parents se posent des questions quant à la légalité de ce document. Et puisqu’il s’agit d’un contrat liant deux parties, pourquoi c’est une seule partie, l’élève, qui paie à la signature et à la fin pendant dix ans ? D’autres problèmes se posent, comme lorsque l’Etat coupe souvent, ex-abrupto, les bourses ou ne les verse pas à temps, condamnant souvent les boursiers à la diète à se retourner vers les parents qui se retrouvent ainsi pris au piège ou à chercher, malgré eux, un petit emploi. Et si l’enfant est issu d’une famille pauvre, comme il en existe beaucoup au Gabon, son avenir s’en trouve hypothéqué.

Enfin, un autre problème très important survient souvent à la fin de la formation des jeunes gabonais. Si c’est un contrat équitable, normalement l’Etat devrait avoir l’obligation de trouver de l’emploi à ces jeunes à l’issue de leurs études, de sorte qu’ils puissent se mettre effectivement à son service pendant dix ans. Or, et c’est là où le bât blesse, ces jeunes se retrouvent bien souvent au chômage. On peut alors dire, à partir de ce moment, que l’Etat a manqué à ses obligations. 

Comme on le voit, trop de flou entoure encore ce contrat et qui donne le loisir à l'Etat de s'en tirer à bon compte.

Nicolas Ndong Essono

 

Article du 4 juillet 2024 - 12:34am
Article vu "en cours dév"

Nombre de Commentaires (0)

Faites un commentaire !